André Vincent-Beaume a été correspondant départemental du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale de 1951 à 1980, pendant toute la durée d'existence du comité qui succéda à la Commission d'histoire de l'Occupation et de la Libération de la France et du Comité d'histoire de la guerre. C'est dans le cadre de cette activité qu'André Vincent-Beaume, ancien résistant, a recueilli dans le département de la Drôme des témoignages et des documents sur la période 1939-1945 et mené des enquêtes statistiques concernant aussi bien les victimes de guerre (Morts pour la France, déportés, victimes civiles, etc.) ou les opérations militaires que les jugements rendus par les tribunaux du département, destinées à paraître dans le bulletin du comité. Ces informations rassemblées, brutes ou traitées, originales ou photocopiées, avaient déjà fait l'objet en partie de versements épisodiques réunis sous la cote 9 J (Fonds de la Seconde Guerre mondiale), fonds contenant également des versements d'autres origines (comité départemental de Libération, Légion française des combattants).

Le 1er juin 1992 est déposé par Pierre Vincent-Beaume aux Archives départementales de la Drôme un lot de cartons et de boîtes, représentant 8 ml, qui fut enregistré sous la cote 132 J. Les documents contenus dans ces cartons et boîtes constituaient les archives du père du déposant, André Vincent-Beaume, décédé quelques années auparavant.

Le fonds 132 J, constitué de ces enquêtes, témoignages, documents récoltés auprès des services administratifs comme la police, les Renseignements généraux, la gendarmerie, ainsi que des premiers travaux (listes et brouillons, tris, classements) effectués par André Vincent-Beaume, est intermédiaire entre un fonds documentaire et un fonds d'archives au sens strict du terme. La contrainte pour classer un tel fonds était de respecter la logique qui avait guidé André Vincent-Beaume dans l'élaboration de ses dossiers tout en réunissant en ensembles homogènes et hiérarchisés ces éléments quelque peu épars.

Le plan de classement du fonds 132 J est la conséquence directe de sa composition intermédiaire entre documentation et archives. Constitué de dix-sept chapitres, on y trouve d'abord les études réalisées et les témoignages recueillis par André Vincent-Beaume, rassemblés en des cahiers plus ou moins thématiques (132 J 1-26), suivis des originaux des témoignages, réunis dans deux boîtes (132 J 27-28), puis des enquêtes effectuées auprès des communes, classées par ordre chronologique de 1954 à 1978 (132 J 29-44). Les quatorze chapitres suivants sont thématiques : Guerre de 1940 (132 J 45), Occupation (132 J 46-53), Main-d'œuvre au service de l'Allemagne (132 J 54-57), Résistance (132 J 58-71), Sabotages et destructions (132 J 72-75), Opérations militaires (132 J 76-78), Déportation (132 J 79-85), Épuration (132 J 86-97), Commémorations et édifices commémoratifs (132 J 98-99), Attestations et distinctions honorifiques (132 J 100-103), Presse (132 J 104-105), Correspondance (132 J 106-110), Fiches de travail (132 J 111-117), et enfin Personnel (132 J 118).

Leur enchaînement est chronologique et thématique : à la suite de la victoire des troupes allemandes sur l'armée française (aspect peu évoqué dans le fonds à part le dossier sur la Défense de l'Isère), commence l'Occupation du territoire (par les Italiens puis par les Allemands à partir de 1942) avec certaines de ses conséquences (mouvements de population, arrestations, internements, garnisons militaires), et le développement d'activités autorisées (partis et groupements politiques, chantiers de la jeunesse). Les cinq chapitres suivants découlent de celui-ci : ils concernent soit les traductions tangibles de l'idéologie nazie (utilisation de la main-d'œuvre en Allemagne ou dans des usines réquisitionnées, opérations militaires sur le terrain, Déportation massive) soit la réaction d'une partie de la population contre cette occupation et cette idéologie (Résistance, sabotages et destructions). L'Épuration fut la conséquence des prises de positions antagonistes pendant cette période : un chapitre important lui est consacré. Deux chapitres sont consacrés à la reconnaissance par l'État, après la Libération, du sacrifice et du dévouement de beaucoup d'hommes et de femmes, par l'intermédiaire des édifices commémoratifs et des attestations et distinctions honorifiques. Un modeste chapitre sur la presse est placé en fin car il regroupe des journaux et des articles édités aussi bien pendant qu'après le conflit. La correspondance d'André Vincent-Beaume avec le Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, d'anciens résistants, des historiens, sa correspondance personnelle et des adresses, se trouvent regroupées dans un chapitre suivi par les fiches de travail (nominatives et thématiques) établies systématiquement dès l'entrée d'un nouvel élément dans les données recueillis par le délégué départemental. Enfin, ultime chapitre, mis à la fin en raison de son caractère spécifique, les archives relatives aux activités militaires du " capitaine Vincent " André Vincent-Beaume pendant la guerre 1939-1940. Ces documents ne provenant pas de l'activité de délégué départemental d'André Vincent-Beaume, ils ont été mis à part. Après classement et mise en boîte, le fonds 132 J occupe 5 mètres linéaires.

Un acte de donation a été établi en août 2004 entre Pierre Vincent-Beaume, fils d'André Vincent-Beaume, et le département de la Drôme. La reproduction des documents et le prêt en exposition sont libres.

Les archives du fonds André Vincent-Beaume sont librement communicables sous réserve du respect des modalités de la note de la Direction des Archives de France du 27 mai 1997 quant à la consultation des témoignages recueillis par un correspondant du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale. Cependant, aucun des témoignages recueillis n'est signalé " confidentiel ", ils sont donc librement communicables.