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Description physique
Biographie ou Histoire
Le Gymnase civil de Valence, une des plus anciennes sociétés sportive drômoise, est vraisemblablement une des toutes premières associations gymniques nationales. Ces quelques lignes ont pour objet de rappeler quels en ont été les débuts, l'histoire du Gymnase restant à écrire, grâce notamment, nous l'espérons, aux archives de l'association qui ont été préservées par leur dépôt aux Archives départementales sous la direction de Jean-Louis Dutrey, président, et avec notre concours.
La création.
C'est sans doute la guerre de 1870 qui est à l'origine, lointaine certes, de la création du Gymnase civil de Valence le 1er juin 1871. C'est en effet dans ce climat particulier qui suit la défaite de 1870, et dont on attribue une des causes à une jeunesse émolliente dépourvue de vigueur physique et de passion patriotique, qu'un alsacien qui refuse l'occupation allemande arrive à Valence. Ancien officier, Édouard Iung a choisi de rester français et est nommé ingénieur des Ponts et chaussées dans la Drôme. Profondément marqué par cette épreuve, il est convaincu que c'est auprès de la jeunesse qu'il convient d'oeuvrer pour aboutir à cette régénération physique et morale qui lui semble seule en mesure de reconquérir les provinces perdues. Aussi, dès son arrivée à Valence, il s'investit activement dans le développement des moyens de formation aux disciplines sportives.
C'est à son initiative qu'au mois de mai 1871 se réunissent diverses personnalités valentinoises dans l'immeuble Rochette au Champ de Mars. Le principe de la création d'une société de gymnastique est unanimement adopté au cours de cette réunion. Il y est décidé des matières à y enseigner : la boxe, l'escrime, la canne, le bâton, les exercices au sol, ceux de force aux agrès et le tir. Il faut également trouver un local propice à l'entraînement. Le choix se fixe rapidement sur une ancienne remise, avenue Sadi Camot, qui servait de cantonnement aux troupes de cavalerie de passage. Le 1er juin, plus de 200 personnes assistent à la prise de possession du local. Au cours de cette réunion est constitué le premier bureau de la société de gymnastique, véritable acte fondateur du Gymnase civil de Valence.
Ce bureau est constitué d'Édouard Iung, président, et de MM. Deriard, Mazet, Tardy, Mirabel-Chambaud, Fiéron, Crumière, Auzan, Michelon, Valentin, Reboul, Bret, Combier, Morel, Roche, Thannaron, Clerc, Puzin, Belat, Tampier, Martin-Mazade, Teyssier, Granger et David.
Le démarrage.
Les apports de généreux donateurs assurent la location de la salle, l'acquisition des premiers appareils et le salaire du moniteur. Les autorités militaires apportent également leur concours en matière d'équipements et d'entraînements paramilitaires. Ainsi épaulée, la toute jeune société gymnique obtient un très large succès. Un an après sa création, elle compte 150 sociétaires qu'elle réunit le 24 août 1872 dans une grande fête publique à laquelle assiste le conseil municipal au grand complet.
Les cours ont lieu alors deux fois par semaine, d'abord sous la conduite de M. Cotte, rapidement remplacé par M. Faure. Mais les moyens sont très rudimentaires. Ainsi, pour l'entraînement au tir, on utilise de très vieux fusils qu'on charge avec des capsules faute de munitions. Un dispositif ingénieux permet de remédier à cette pénurie pour un exercice considéré alors comme essentiel : une bougie allumée est posée à 2 mètres de la bouche du canon du fusil, et le souffle dégagé par l'explosion de la capsule l'éteint lorsque le tir est correct. Cinq bougies soufflées valent un bâton de guimauve à l'adroit tireur.
L'influence du Gymnase civil de Valence s'étend dans les années qui suivent comme en témoigne son association aux cours de gymnastique dispensés dans les écoles de la ville en 1882. Cette même année, à l'occasion d'un concours, organisé à des fins de propagande semble-t-il, des conférences sont tenues spécialement à destination des instituteurs et institutrices du département. Préparées en commun par MM. Athane, inspecteur d'académie, et Iung, président du Gymnase civil de Valence, elles sont notamment animées par Eugène Paz qui a largement contribué à populariser la gymnastique en France, et Édouard Iung qui s'attache à démontrer que l'installation d'un gymnase est toujours possible, même avec fort peu de moyens.
Cette volonté de prosélytisme, toujours dans un but de formation paramilitaire, transparaît clairement lors de la fête de gymnastique décidée par la municipalité de Saint-Vallier en octobre 1884. Celle-ci invite le gymnase civil de Valence à faire une démonstration publique dans sa ville, dépourvue de société gymnique. 90 sociétaires, sous la conduite d'Édouard Iung, participent à cette manifestation l'après-midi, et tout le monde se retrouve pour le banquet du soir. A cette occasion M. Sarrère, maire de Saint-Vallier, remercie le Gymnase civil de prêcher par l'exemple en
''montrant comment on forme des citoyens et des soldats''
. Un sous-directeur du Gymnase lui répond en souhaitant être accueilli par une société soeur lors de leur prochain déplacement. Enfin, M. Fernand Baboin prend la parole pour évoquer l'avenir :''si vous venez dans les gymnases fortifier vos membres, développer vos muscles, assouplir vos corps et vous habituer à la fatigue, n'oubliez point que ce n'est pas uniquement pour obéir à une impulsion, pour suivre une tendance générale, mais bien pour préparer l'avenir et pour être un jour, bientôt peut-être, les dignes soldats de la défense nationale et de la revanche''
.L'installation définitive.
À cette même époque, Édouard Iung cherche à régler définitivement le problème du local nécessaire à l'entraînement. La société a déjà changé de local, abandonnant la remise rue Sadi Carnot au profit d'un hangar rue Notre-Dame. Mais ce dernier ne semble toujours pas satisfaisant, et au cours de l'assemblée générale du 22 juin 1884, son président propose de constituer une société civile immobilière afin de résoudre cette question. Cette proposition intervient à un moment où le Gymnase civil fonctionne à plein régime. Il dispense notamment 3 heures hebdomadaires de gymnastique à 1302 élèves des écoles, assure des cours d'escrime et d'équitation, et fait bénéficier 80 enfants de cours supplémentaires en soirée les mercredi et samedi.
Le 1er novembre 1884, la société civile immobilière est officiellement constituée. Ses statuts sont établis par Me Guilhot, notaire à Valence. Prévue pour une durée de 10 ans, elle émet pour actif 75 actions de 500 F, soit un capital de 37500 F. Le 24 novembre de cette même année, représentée par Édouard Iung, elle acquiert des époux Eynard-Nougier, devant Me Guilhot, un tènement de terrain et de bâtiment sis à Valence, au numéro 19 de la rue Notre-Dame. Cet ensemble, cadastré section A n° 282, 284 et 289, est payé 33138,08 F. En 1884 et 1885 est alors construit et aménagé le gymnase, toujours en service aujourd'hui rue Berthelot, la dénomination de la rue ayant changé entre temps.
Son objectif atteint, la société civile immobilière désigne M. Giraud, banquier à Valence, comme liquidateur au cours de son assemblée du 2 décembre 1889. Il faudra cependant attendre une dizaine d'années pour que la situation soit close. Le 13 janvier 1900, sur décret d'utilité publique, la mairie de Valence, représentée par son maire, Henri Chalamet, se rend propriétaire du tènement immobilier pour la somme de 37500 F par devant Me Dorival, notaire à Valence. Le Gymnase civil conserve la priorité dans le choix des jours et des heures d'entraînement, ainsi que la jouissance des salles du rez-de-chaussée et du 1er étage dont elle affecte les locaux à son moniteur.
Histoire de la conservation
Le fonds du gymnase civil de Valence représente un ensemble de documents peu volumineux (2,60 ml.), mais d'un grand intérêt à plus d'un titre. Tout d'abord, c'est le premier dépôt effectué aux Archives départementales de la Drôme des archives d'une association sportive. Ce fait est suffisamment rare pour insister sur son importance. En effet, les archives des associations sont, d'une manière générale, fort mal conservées aux yeux des professionnels chargés du patrimoine écrit. Cet état tient à leur mode de fonctionnement qui se caractérise par l'absence de toute instance centrale chargée de récupérer, organiser et conserver les multiples documents dispersés entre les différents responsables successifs. La situation du gymnase civil de Valence, qui a disposé dès la fin du XIXe siècle d'un local dont il a gardé l'usage tout le XXe siècle, a sans aucun doute favorisé la bonne conservation de sa mémoire écrite. Il faut là rendre hommage au souci de son président, Jean-Louis Dutrey, de préserver celle-ci et d'en assurer la protection en établissant un contrat de dépôt avec les Archives départementales à l'initiative de Madeleine et Roger Malsert.
Présentation du contenu
Outre la sauvegarde, trop rare, de documents associatifs, ce dépôt concerne surtout des archives intéressant un domaine, le sport, peu présent dans les fonds traditionnels des Archives départementales. Si les documents touchant aux infrastructures (construction ou aménagement de complexes sportifs, piscines, etc.) sont abondants dans les versements administratifs, il n'en va pas de même pour tout ce qui concerne la pratique sportive. À l'exception de quelques dossiers de demande de subventions et d'autorisation de course ou de manifestation, rien n'y renseigne sur le quotidien des mouvements sportifs. Les archives associatives, telles celles qui font l'objet du présent répertoire, sont alors indispensables pour appréhender cette réalité. Il s'agit dès lors, au-delà de la volonté d'assurer la survie de sa propre mémoire, de préserver des sources irremplaçables destinées aux historiens à venir.
Ainsi, la vie du gymnase civil de Valence peut-elle être perçue à travers les nombreux registres de procès-verbaux des différentes instances dirigeantes (conseils, commissions et comités) présents et que viennent compléter les dossiers du secrétariat et les documents comptables, à compter de la Seconde Guerre mondiale pour ces derniers. De plus, les archives liées aux activités du gymnase ouvrent également largement sur le monde de la gymnastique locale, régionale et nationale. Les divers dossiers de compétitions (programmes, publicités, palmarès, etc.) renseignent sur l'ensemble du mouvement gymnique français et sur de nombreuses associations qui l'animent. Les dossiers de presse, intelligemment constitués et conservés, viennent renforcer cette approche tout en évitant au chercheur un long et fastidieux dépouillement des journaux locaux.
Mais les documents du fonds du gymnase civil de Valence offrent aussi aux chercheurs d'intéressantes pistes qui dépassent le cadre de la seule pratique de la gymnastique. Par exemple l'ensemble des diplômes peut interroger le graphiste ou le publicitaire en leur permettant de travailler tant sur l'illustration que sur les thèmes qu'elle a charge de mettre en valeur. L'utilisation de ces archives, rares, n'a d'autre limite que l'imagination des chercheurs qui, en les confrontant avec d'autres sources, les inscriront dans leur propre thématique.
Il reste à espérer que l'exemple de ce dépôt soit suivi par d'autres associations sportives, et qu'ainsi la Drôme se dote d'un fonds documentaire cohérent qui ne manquera pas de susciter l'intérêt d'érudits, d'universitaires ou d'autres chercheurs. La publication de ce répertoire est un appel à ces dépôts qui, tout en préservant la mémoire de ce qui a existé, ouvrent la voie à la compréhension de ce qui a été vécu.
Conditions d'accès
Ce fonds est communicable.
Documents en relation
On trouvera en 1 R 30-67 quelques dossiers sur les sociétés de tir et de gymnastique, notamment celui du Gymnase civil de Valence (1872-1899) coté 1 R 47.
Archives municipales de ValenceLes archives municipales de Valence doivent conserver de nombreux documents sur les liens entre la municipalité et l'association du gymnase civil (subventions, locaux, etc.).
Bibliographie
Ce livre d'or du Gymnase civil de Valence, prévu pour marquer le 100e anniversaire de l'association, a été publié en 1982.
Plaquette du 120e anniversaire du gymnase civil de Valence, s.l.n.d.Cette plaquette, éditée pour le 120e anniversaire du Gymnase, reprend pour l'essentiel le Livre d'or du gymnase.
100 ans de gymnastique en Drôme-Ardèche, s.l.n.d.Plaquette éditée par le comité Drôme-Ardèche de gymnastique en 1996.
Autres données descriptives
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Classement chronologique.
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