356 J - Fonds Payan

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Cote/Cotes extrêmes

356 J 1-293

Date

1415-1960

Description physique

3.7 ml

Biographie ou Histoire

La famille Payan

Le premier membre de cette ancienne famille identifié par les armoriaux est Philibert Payan qui vécut à Visan, lieu sis dans le diocèse de Saint-Paul-Trois-Châteaux, au sein du Comtat-Venaissin. Il y fut enterré à la fin du XVe siècle (1). Le fonds contient une source mentionnant son père, Jean Payan, habitant de ce même lieu, et sa mère, Lucie Treuchacostes (2). Cette maison aurait des origines bien plus anciennes, à considérer les notes laissées par Charles de Payan-Dumoulin, l'un des membres de ce lignage (3). Elles citent des ancêtres ayant vécu du XIe au XVe siècle. Leur lien avec les Payan descendants de Philibert reste à établir.

Cette famille se subdivise en six branches au cours des XVIe et XVIIe siècles. Des liens étroits se maintiennent entre les quatre premières branches : les Payan de l'Hôtel, coseigneurs de Lagarde, les Payan de L'Estang, les Payan-Dumoulin et les Payan-Champier. Elles restent ancrées dans une aire géographique proche, jusqu'au XVIIIe siècle au moins, le nord de la province du Languedoc pour la branche aînée des Payan de L'Hôtel, et pour les autres le mandement de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Les deux dernières branches, celles des Payan de Saint-Martin et des Payan d'Augery, s'établissent en Provence à une date qui reste incertaine (au XVIe ou au XVIIe siècle) et n'entretiennent que de lointaines relations avec les précédentes. Le fonds ne comporte aucune source en provenance des Payan d'Augery, qui se sont fixés à Marseille (4), néanmoins leur nom est évoqué plusieurs fois dans la correspondance des Payan-Dumoulin. Le rattachement de la branche des Payan de Saint-Martin à la maison des Payan n'est pas clairement établi en l'absence de documents relatifs aux ascendants d'Antoine de Payan, qui est, selon les armoriaux, son fondateur (5). Celui-ci s'établit en Provence dans la seconde moitié du XVIIe siècle, il y épouse Anne de Martin en 1668, puis s'installe à Aix où il exerce l'office de trésorier général de France.

Au XVIIe ou au XVIIIe siècle, chaque branche ajoute au patronyme commun celui d'un tènement acquis ou hérité qui correspond à son lieu de vie et participe à son identification et son individualisation. Ce processus est indissociable de l'accès à la noblesse qui a lieu à des époques différentes selon les rameaux. Le nom d'une possession foncière est utilisé pour la première fois, dans une branche, par celui qui est à l'origine de l'anoblissement de la famille, il se maintient pour sa descendance. Ce glissement est significatif à une époque où la noblesse constitue un idéal social et où la possession de fiefs ou de terres nobles est une composante du genre de vie noble. Des voies diverses ont permis à ces lignées d'intégrer le second ordre : anoblissement coutumier par prescription, anoblissement par lettres de noblesse ou anoblissement par l'office. Les Payan adoptent les comportements et les codes de ce groupe. Chaque branche parvient à conclure des alliances matrimoniales avantageuses et place ses rejetons dans la magistrature, l'armée ou l'Église. Néanmoins, leur ascension sociale tient souvent au choix d'investir plus particulièrement l'une de ces voies prometteuses. De fait chaque branche possède une identité propre.

 

Arbres généalogiques

 

(1) Rivoire de La Bâtie (Gustave de), Armorial de Dauphiné, Marseille, impr. A. Robert, 1996 [réimpr. de l'éd. de Lyon de 1867], p. 498-499. Les arbres généalogiques des diverses branches de la famille Payan et des principales familles alliées sont en annexe de cet instrument de recherche.

(2) AD Drôme, 356 J 1, testament de Lucie Treuchacostes, mère de Philibert Payan et veuve de Jean Payan.

(3) AD Drôme, 356 J 235, notes généalogiques de Charles de Payan-Dumoulin sur les premiers Payan ayant vécu entre les XIe et XVIe siècles.

(4) Rivoire de La Bâtie (Gustave de), Armorial de Dauphiné, Marseille, impr. A. Robert, 1996 [réimpr. de l'éd. de Lyon de 1867], p. 503.

(5) Les armoriaux consultés n'apportent aucune indication à ce sujet.

 

La branche aînée des Payan de l'Hôtel, coseigneurs puis barons de Lagarde

Les premiers membres de cette branche appartiennent à la notabilité locale. Ils sont notaires de père en fils : Raymond Payan, l'un des fils de Philibert et l'aîné de cette lignée, est notaire à Sainte-Cécile, comme son fils Christophe Payan et son petit-fils Denis de Payan. C'est avec Denis de Payan, qualifié dans les sources de coseigneur de La Motte et de Lagarde-Paréol, que la branche parvient à s'agréger à la noblesse languedocienne. Il obtient des lettres patentes de noblesse du 14 novembre 1612 qui sanctionnent un genre de vie conforme à cet ordre, pratiqué par lui et ses ascendants, et reconnu par son entourage (6). Les stratégies matrimoniales (Christophe Payan épouse en 1572 Marguerite de l'Hôtel, nom de terre qui reste attaché à la branche aînée des Payan), l'acquisition d'une coseigneurie ainsi que les fonctions exercées (Denis de Payan devient bailli et régent général des terres et fiefs de l'évêque-comte de Viviers) ont permis d'obtenir cette reconnaissance sociale puis cette décision royale. À une époque où le roi s'efforce de contrôler l'accès à la noblesse et d'en définir les contours, ses fils, Jean et Jacques de Payan, seigneurs de Lagarde et seigneurs de Saint-Auban, obtiennent confirmation de leur qualité de noble par la puissance publique dans le cadre de la grande recherche de noblesse de 1666. Un jugement en confirmation de noblesse est rendu en leur faveur, le 3 décembre 1670, par l'intendant du Languedoc (7).

Les descendants et descendantes de Jacques et Jean épousent des membres de familles nobles locales. Certains Payan s'illustrent dans les armes, tel Louis-François-Antoine-Maurice de Payan de l'Hôtel, né en 1761, qui est lieutenant d'infanterie au régiment de Rohan-Soubise. Au XIXe siècle, Charles-François-Maurice-Léopold de Payan de l'Hôtel obtient le titre de baron de Lagarde. C'est à sa mort, en 1863, que s'éteint la branche aînée des Payan de l'Hôtel. En 1866, Ernest, qui est alors le chef de la branche des Payan-Dumoulin, réunit des titres établissant l'absence de postérité de cette lignée pour obtenir la dévolution du titre de baron à son profit.

(6) AD Drôme, 356 J 5, copie de jugement en confirmation de noblesse rendu par l'intendant de la province de Languedoc, correspondance passive (1670 [copie 1894]-1894) : « par lettres patentes du 14 novembre 1612 le roi tient pour noble Denis de Payan, enregistrées en la chambre de Montpellier le 24 novembre 1613 ».

(7) Ibid., « Nous intendant susdit, par jugement souverain et en dernier ressort, avons déclaré lesdits Jean et Jacques de Payan, sieurs de Lagarde, nobles et issus de noble race et lignée, ordonne et ordonnons que tant eux que leur postérité, née et à naître de légitime mariage, jouiront des privilèges de noblesse tant et si longuement qu'ils vivront noblement et ne ferons actes desrogeant à noblesse et à ces fins qu'ils seront mis et inscrit par noms, surnoms, armes et lieux de sa demeure dans le catalogue des nobles de la province de Languedoc ». Jean et Jacques de Payan apportent la preuve que leurs ascendants, depuis Raymond Payan, ont mené une vie noble et sont qualifiés de nobles dans les actes qu'ils ont passés. Ils ne font pas remonter la noblesse de leur race à Philibert Payan.

 

La deuxième branche : les Payan de L'Estang

Issue du mariage de François Payan, fils de Philibert Payan et de Marie de Champier, et d'Anne Genevès, cette branche compte plusieurs avocats et magistrats, mais elle doit avant tout son prestige et son élévation sociale aux belles carrières militaires d'un certain nombre de ses membres au XVIIIe siècle. Cette lignée est de confession protestante de Charles II à Hector Payan de L'Estang. Ce dernier semble avoir rejoint l'obédience catholique à la fin de sa vie, il se remarie en 1721 selon le rite de cette Église.

À l'instar des premiers Payan de l'Hôtel, les aînés des deux premières générations de cette branche, François et Charles I Payan, exercent la profession de notaire royal à Saint-Paul-Trois-Châteaux. Toutefois, les Payan de L'Estang intègrent tôt le monde des gens de justice. En 1594, Paul Magnien résigne en faveur de Charles I l'office de procureur du roi et clavaire au bailliage de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Le fils de ce dernier, Charles II, après avoir été avocat, obtient l'office paternel par résignation en 1630. Cette charge semble avoir ensuite échappé à la famille : Gédéon, le fils de Charles II, et son fils Benjamin-François sont avocats au bailliage de Saint-Paul-Trois-Châteaux.

Au XVIIIe siècle, plusieurs Payan de L'Estang font le choix de la carrière des armes et s'y illustrent à la faveur des grands conflits européens. Quatre fils de Gédéon détiennent des offices militaires : Alexandre de Payan est lieutenant d'infanterie, Hector de Payan et Gédéon-Jean-Baptiste détiennent l'office de capitaine d'infanterie, au régiment du Poitou pour le premier, au régiment de Vendôme pour le second (il prend part à la guerre de Succession d'Espagne), enfin, Louis-Samson de Payan, appelé « le brigadier », a eu une carrière remarquable. Aide-major du régiment d'infanterie du chevalier Damas, puis lieutenant général des armées du roi, en 1706, il sert successivement comme aide-major (1724), capitaine (1727), sergent major (1728), et enfin comme lieutenant-colonel au régiment d'infanterie de Quercy. Il achève sa carrière comme brigadier des armées du roi (1739) avant de se retirer du service en 1746. Il joue un rôle clef dans la campagne d'Italie, au cours de la guerre de Succession d'Autriche : il est chargé du commandement de la ville et du château d'Acqui en 1745,puis de la ville de Menton en 1746. Il noue des relations avec plusieurs officiers supérieurs comme l'atteste sa correspondance. Il reste un exemple pour la famille et notamment pour son neveu Joseph Payan de L'Estang, fils d'Hector Payan, mort criblé de dettes. Joseph sert comme officier dans les armées russes puis participe aux campagnes de la guerre de Succession d'Autriche, en qualité de capitaine de la 4e brigade du régiment de cavalerie légère de Saxe en 1743, puis comme lieutenant colonel réformé à la suite du régiment d'infanterie allemande de Lowendal en 1745. Bien que désargenté, il parvient à faire un mariage avantageux en épousant, en 1744, à Dresde, Marie-Thérèse, baronne de Beaussier, qui lui vaut de porter ensuite le titre de baron de L'Estang. Décédé en 1746 sur le champ de bataille, il ne laisse que deux enfants. Seule survit Marie-Anne-Henriette de Payan de L'Estang, célèbre femme d'esprit et épistolière, qui correspond avec les grands noms du monde des lettres de son époque.

Le nom du quartier où est possessionnée cette branche, « L'Estang », situé dans le mandement de Saint-Paul-Trois-Châteaux, s'adjoint au patronyme familiale commun (8). Les conditions d'accès à la noblesse de ce lignage sont difficiles à établir, la reconnaissance sociale n'est pas pleinement acquise au XVIIIe siècle. Comme le précise François de Payan à son fils Joseph-François dans une lettre du 18 janvier 1782, la première mention de la qualité de noble dans la branche des Payan « n'existe pas avant le mariage du brigadier [Louis-Samson de Payan de L'Estang] en 1737 » avec Charlotte-Françoise de Bancenel (9). Joseph Payan de L'Estang s'attribue lui-même la qualité de noble comme il l'explique à son oncle Benjamin-François de Payan-Dumoulin à propos de l'établissement d'une procuration :

 

« en partant de Paris, j'ai aussi pris un passeport de la cour que ledit ambassadeur a vu dans lequel je suis qualifié de noble Joseph Payan de L'Estang, fils de M. Hector de Payan, commissaire de guerre. Vous me dirés sans doute que j'ai tort de l'avoir fait, mais vous savés que j'étais fondé dans ce temps là, puisque l'on espéroit de se faire réabiliter ou à obtenir des nouvelles lettres de noblesse par le canal de mon oncle, le lieutenant colonel. Je vous dirai aussi que dans ce paysage [Russie] on méprise fort un homme qui n'est point de condition, y ayant servi dans le corps des cadets, où personne n'entre sans être noble, je ne pourrois me résoudre à passer un acte public où je me déclarerois moi-même menteur et même imposteur, et peut-être qu'en prenant la qualité de noble, la donnant à mon père, et à tous contractans, cela pourroit apporter des obstacles à la validité de la transaction » (10).

 

Les armoriaux et le fonds Payan ne fournissent guère d'informations relatives au devenir de cette branche au XIXe siècle ou à sa probable extinction.

(8) François Payan, le fondateur de la branche, possédait un pré au quartier de L'Estang.

(9) AD Drôme, 356 J 126, lettre de François de Payan à son fils Joseph-François de Payan, le 18 janvier 1782. 

(10) AD Drôme, 356 J 55, lettre de Joseph de Payan de L'Estang à Benjamin-François de Payan-Dumoulin, son oncle, Saint-Pétersbourg, le 20 janvier 1742

 

 

La troisième branche : les Payan-Dumoulin

Selon Charles de Payan-Dumoulin, cette branche doit son nom à la possession d'un moulin à farine situé au quartier de la Urne dans le territoire de Saint-Paul-Trois-Châteaux. En 1645, le moulin et ses dépendances intègrent les possessions de Charles II Payan avant de rejoindre, en 1758, le giron de la famille des Payan-Dumoulin : François de Payan, fils de Benjamin-François, le fondateur de la branche, l'acquiert auprès de son cousin germain Louis Payan, docteur en médecine (11). A partir de Joseph-François, fils de François de Payan, tous les membres de la branche portent dès lors le nom de « Payan-Dumoulin ».

 

Cette famille est une émanation de la noblesse de robe d'Ancien Régime. Elle s'identifie à quatre personnalités fortes qui ont exercé des charges importantes dans la magistrature de père en fils : Benjamin-François, François, Joseph-François et Ernest.

 

Benjamin-François (1682-1752), fondateur de la branche et avocat, acquiert de Joseph Serre l'office de bailli de Grignan puis celui de bailli et juge royal au bailliage de Saint-Paul-Trois-Châteaux en 1711. Il obtient également en 1715 l'office de bailli épiscopal au siège de cette même ville (12). Appartenant à l'élite de la société urbaine, il en partage les idéaux et les comportements. Il agrandit de manière conséquente son patrimoine foncier par l'acquisition, auprès de sa tante Françoise de Laramon, du domaine de La Valette en 1714 et de terres contiguës auprès de divers particuliers. Il achète également des terres dans divers quartiers du mandement de Saint-Paul-Trois-Châteaux : les quartiers de Freyssinet, des Lonnes et de Fontbaudit. Ce patrimoine est encore arrondi par son fils, François de Payan, qui investit le quartier de Fanjou par l'acquisition de terres avec, pour certaines, les droits de seigneurie.

 

 

François de Payan (1720-13 septembre 1794) hérite au décès de son père, en 1752, de l'office de bailli de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Il le vend en 1772 à Joseph-Paul-François d'Audiffret, son neveu et gendre, pour acquérir l'office convoité de conseiller au Parlement de Dauphiné qu'il conserve jusqu'en 1775. C'est à cette charge anoblissante que François et sa descendance doivent leur entrée dans la noblesse (13). Il a également occupé la charge de subdélégué d'intendance à Saint-Paul-Trois-Châteaux. La Révolution ne met pas un terme à sa carrière, bien au contraire. En 1791, il est juge de paix à Saint-Paul-Trois-Châteaux puis devient président du directoire de la Drôme, sous le Directoire, consécration d'une carrière réussie. Parmi les enfants qu'il a eus de son mariage avec noble Marthe Isoard, deux fils, Claude-François et Joseph-François, suivent son évolution. La Révolution leur donne l'opportunité d'occuper des fonctions d'envergure nationale. Comme leur père, ils ne s'opposent pas aux bouleversements politiques majeurs de cette époque, bien au contraire, ils prennent part aux débats ainsi qu'à la vie politique.

 

Claude-François de Payan (1766-1794), dit Payan de La Valette, débute comme officier d'artillerie sous l'Ancien Régime. À la Révolution, il devient capitaine de la Garde nationale de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Il entre ensuite dans la vie politique et administrative et se voit confier des responsabilités de plus en plus grandes : il est tour à tour administrateur du district de l'Ouvèze, député de la Drôme à la Convention (1792) et administrateur de ce même département. Girondin à ses débuts, il évolue peu à peu pour rallier les Montagnards. Ses nouveaux partis pris idéologiques et convictions politiques lui permettent de devenir secrétaire de Robespierre en 1793 puis membre du tribunal révolutionnaire. Le 9 germinal an II, il est nommé agent national de la Commune. La déchéance de Robespierre marque la fin de sa carrière, il est exécuté dans les semaines qui suivent.

 

Son frère aîné, Joseph-François parvient à traverser les épisodes consécutifs au 9 thermidor an II (26 juillet 1794) en émigrant hors de France jusqu'à l'amnistie des délits révolutionnaires accordée par la loi du 4 brumaire an IV (15 octobre 1795). Hormis cet intermède, il réussit à conserver une position avantageuse au cours des régimes politiques qui se succèdent, de la monarchie absolue à la monarchie de Juillet. Sous l'Ancien Régime, il acquiert en 1787 une charge de conseiller-maître à la chambre des comptes de Grenoble. À la Révolution, il prend place dans les nouvelles institutions départementales créées par les lois de décembre 1789 : il obtient la charge de procureur général syndic du département de la Drôme. Comme son frère, il gagne ensuite la capitale et accède à de hautes fonctions : en 1794 il est nommé commissaire de l'Instruction publique. Cette expérience tourne court rapidement, il est mis hors la loi le 11 thermidor an II (29 juillet 1794), mais parvient à gagner la Suisse. De retour après l'amnistie de 1795, il n'est plus en position de se maintenir dans les hautes sphères du pouvoir. Après un bref passage au secrétariat à l'état-major général de l'armée de l'Intérieur en 1796 (un mois), il reprend des charges d'envergure locale. En 1799, il est inspecteur des contributions directes du département de la Lys à Bruges. A partir de 1805, il occupe successivement les postes de directeur des contributions directes du Mont-Terrible, de la Loire, de la Lozère et de l'Ardèche. Il revient finalement dans son département natal, s'installe à Lizeaux, sur la commune d'Alixan dont il devient le maire sous la monarchie de Juillet.

 

Son fils aîné, Ernest de Payan-Dumoulin, renoue avec la tradition familiale en rejoignant la sphère de la magistrature. Cette figure de la notabilité locale du Second Empire évolue au gré des opportunités d'où une certaine mobilité. Président du tribunal civil du Puy (v. 1859), il obtient la charge de procureur impérial à Moulins vers 1854 et, enfin, la prestigieuse charge de conseiller à la cour impérial d'Aix en 1863. Parallèlement, il s'investit dans diverses charges politiques (membre du conseil général de la Drôme) et administratives locales (membre de comités locaux d'instruction publique, membre du comité consultatif des établissements de bienfaisance de l'arrondissement de Valence). Sa correspondance montre l'étendue de ses relations sociales tant du côté du monde des juristes, des magistrats et des hommes politiques que des intellectuels. Ila en effet rejoint plusieurs sociétés scientifiques et littéraires et a publié des notices et des ouvrages érudits. C'est aussi un amateur d'art et un collectionneur de livres et d'œuvres picturales comme en témoignent les divers inventaires de son patrimoine mobilier qu'il a dressés et les donations qu'il a faites à ses enfants. Il épouse en 1836 Marie-Honorée-Pauline Faure descendante de la famille Gachon et du général Massol. Son frère Léopold Faure, a acquis en 1838 le château de Grignan, qui est revendu après sa mort.

Dans une société où la noblesse demeure un idéal social, Ernest revendique cette qualité, perdue par sa famille à la Révolution qui n'est pas réhabilitée ensuite. Il obtient par jugement du tribunal de première instance de l'arrondissement de Montbrison, en 1858, la reconnaissance de la noblesse de sa maison et le droit de faire rectifier son acte de naissance et celui de son père par ajout de la particule nobiliaire.

 

Ces cinq hommes ont joué un rôle important dans l'histoire de la Drôme et même d'une aire géographique bien plus large au cours de la période révolutionnaire et du XIXe siècle. Ils incarnent la réussite sociale de la branche des Payan-Dumoulin tant par les fonctions qu'ils ont occupées, les activités qu'ils ont développées en marge de leur carrière professionnelle, que par leur implication politique. Leur postérité laisse une empreinte beaucoup plus discrète dans l'histoire familiale et locale. Charles de Payan-Dumoulin (1839-?), fils d'Ernest, a fait carrière dans la marine. Ce capitaine de frégate décide de consacrer sa retraite à classer et documenter les archives familiales. Les trois autres enfants d'Ernest n'ont pas eu, semble-t-il, de postérité comme en témoigne le transfert à la lignée des Payan des Lonnes (qui fait partie de la branche des Payan-Dumoulin) des archives familiales réunies par Charles de Payan-Dumoulin. Esprit-François Payan des Lonnes, le frère de Joesph-François et de Claude-François, est le chef de ce rameau dit des Lonnes qui compte des membres jusqu'au XXe siècle (14). Leur destinée diffère à bien des égards de celle de Joseph-François de Payan et de ses descendants. Esprit-François travaille dans un poste subalterne à la Commission de l'Instruction publique alors que son frère aîné en est le commissaire au début de l'année 1794. Après l'amnistie, il sert dans l'armée révolutionnaire, il est notamment capitaine puis aide de camp aux armées de la République en 1796. Il décide ensuite de rejoindre le monde du négoce. Les sources témoignent de sa présence à Paris comme négociant en 1803 au plus tard (15). Un procès dans lequel est impliqué un parent qu'il a accueilli chez lui (M. Isoard de Martouret) révèle qu'il se livre alors à des pratiques frauduleuses et qu'il est accablé de dettes. En 1818, il est à Smyrne où il fait du commerce. Son fils Henri-Paul-François de Payan des Lonnes (1799-?) suit une autre voie. Il s'installe à Monaco et exerce diverses fonctions au service du gouvernement de la principauté Monaco. Il achève sa carrière comme secrétaire général de ce gouvernement. Son fils, Henri-Charles-Gaston de Payan (1854-?) est naturalisé et devient comptable de cette ville. Le dernier représentant de cette lignée est René Payan, fils de Claude-François-Charles de Payan (16) et petit-fils de Gaston de Payan. C'est avec lui que la ligne des Payan des Lonnes s'éteint,et également la branche des Payan-Dumoulin, semble-t-il, M. Yves Lapierre ayant reçu les archives Payan de sa marraine, la femme de René.

(11) AD Drôme, 356 J 112, vente d'un moulin à farine et de ses dépendances, sis au quartier de la Urne, par Louis Payan, docteur en médecine, à François de Payan, son cousin (1758).

(12) À Saint-Paul-Trois-Châteaux, la justice est exercée en alternance (tous les deux ans) par le tribunal royal et par celui de l'évêque.

(13) AD Drôme, 356 J 109-110.Les documents fiscaux du fonds Payan confirment que la qualité de noble lui est reconnue. Une note de 1772 montre qu'il est soumis notamment à « la taille roturière » (art. 313 du rôle) et à la « taille noble » (art. 524). Un avis d'imposition de l'élection de Montélimar de l'année 1789 adressé à François de Payan est intitulé « Avis. Capitation et vingtièmes de la noblesse de l'élection de Montélimar ». De même, dans un État des habitants de Saint-Paul-Trois-Châteaux exemts et non exempts du logement des gens de guerre pour loger les officiers seulement, atendu qu'il n'y a aucune contestation par raport aux soldats, arrêté par l'intendant du Dauphiné le 2 mai 1777, il est qualifié de noble et exempté à ce titre (356 J 86).

(14) Les Lonnes désignent un quartier de Saint-Paul-Trois-Châteaux.

(15) AD Drôme, 356 J 244, jugement et condamnation d'Isoard de Martouret pour falsification d'actes publics faite à la demande d'Esprit-François Payan des Lonnes, négociant, son parent, pour faire face à une banqueroute : factums (1803, 1836).

(16) Claude-François-Charles de Payan est né à Grasse en 1912, il devient employé de la SNCF.

 

La quatrième branche : les Payan-Champier

C'est avec Jean Payan, fils de Charles II Payan et de Lucrèce de Marsanne, que s'ouvre cette lignée. Il conserve l'office paternel d'avocat au bailliage de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Issu d'une famille protestante, il rallie la religion catholique face la politique anti-protestante de Louis XIV. Sa descendance reste par la suite attachée à cette religion et demeure établie à Saint-Paul-Trois-Châteaux où la lignée détient des terres situées au lieu dit « Champier ».

Son fils Daniel-Louis de Payan-Champier et son petit-fils Joseph-François obtiennent par résignation l'office d'avocat de Charles II. Daniel-Louis a également été consul de Saint-Paul-Trois-Châteaux. La famille accède à la noblesse dans des conditions qui nous échappent : en 1777 une source atteste que la qualité de noble est reconnue à Joseph-François de Payan-Champier (17). Dès la seconde génération, les hommes de la famille Payan-Champier contractent des alliances avec des familles nobles : Daniel-Louis épouse en 1717 Jeanne de La Roche d'Eurre. La postérité de cette branche est incertaine à partir de la seconde moitié du XIXe siècle (18).

(17) AD Drôme, 356 J 86, État des habitants de Saint-Paul-Trois-Châteaux exemts et non exempts du logement des gens de guerre pour loger les officiers seulement, atendu qu'il n'y a aucune contestation par raport aux soldats (1777).

(18) Rivoire de La Bâtie (Gustave de), Armorial de Dauphiné, Marseille, impr. A. Robert, 1996 [réimpr. de l'éd. de Lyon de 1867], p. 502.

 

La cinquième branche : les Payan de Saint-Martin

Le rattachement de cette branche à la famille Payan n'est pas établi précisément par les armoriaux : la parenté d'Antoine de Payan, présenté comme son fondateur, n'est pas indiquée. Les sources nous apprennent seulement qu'il est le fils de Jean Payan et d'Isabeau Martelle sans apporter davantage d'éléments sur la filiation de ceux-ci (19).

Cette famille intègre la noblesse à la quatrième génération, Louis-Jean-Antoine de Payan de Saint-Martin, arrière-petit-fils d'Antoine de Payan, est admis par les syndics de la noblesse de Provence au sein du second ordre de cette province ce qui lui confère voix délibérative aux états. Cet anoblissement résulte de la reconnaissance sociale qu'a su gagner cette lignée en acquérant des offices de robe importants et des seigneuries. Antoine de Payan achète la terre de Saint-Martin et les sources officielles le qualifient de seigneur de Saint-Martin-de-Brômes. Louis-Jean-Antoine doit plus particulièrement son acceptation au sein de la noblesse de Provence à l'acquisition de la seigneurie de Brès (20). Dès le XVIIe siècle, les aînés ont su occuper les offices les plus recherchés de la Provence : Antoine est trésorier général de France de cette province, son fils Jean-Baptiste est conseiller de sa chambre des comptes, aides et finances à la fin du XVIIe siècle, Louis-Jean-Antoine de Payan est conseiller de son parlement.

Les archives de cette branche, présentes dans le fonds Payan, sont lacunaires et ne couvrent que les XVIIe et XVIIIe siècles. Selon Rivoire de La Bâtie, le dernier descendant mâle de cette lignée décède à Aix en 1865, ce qui pourrait expliquer la présence d'archives relatives à cette famille dans le fonds dont Yves Lapierre a hérité (21).

(19) AD Drôme, 356 J 278, acte de mariage d'Antoine de Payan etd'Anne de Martin (1668 [copie fin XIXe]).

(20) AD Drôme, 356 J 279, Acceptation de Louis-Jean-Antoine de Payan par les syndics de la noblesse de Provence au sein de la noblesse (1787 [copie fin XIXe]). Il produit à cette occasion pour prouver sa noblesse l'« hommage et [le] serment de fidélité prêté au roi en la cour des comptes de ce pays [de Provence], le dix huitième février 1777, par messire Louis-Jean-Antoine de Payan, chevalier seigneur de Saint-Martin, conseiller du roi en la cour de parlement dudit pays pour raison de la terre, fief et seigneurie de Brès, anciennement appelé des Crottes ».

(21) Rivoire de La Bâtie (Gustave de), Armorial de Dauphiné, Marseille, impr. A. Robert, 1996 [réimpr. de l'éd. de Lyon de 1867], p. 503.

 

Histoire de la conservation

Conservation matérielle

Avant que nous ne le traitions, le fonds donné aux Archives départementales était composé de dix cartons, dont deux de grand format. L'un des grands cartons comportait uniquement des livres, tandis que les autres cartons renfermaient à la fois des archives, des registres et quelques livres. Après classement, le fonds Payan représente 3,7 mètres linéaires.

Au sein des différents cartons, les archives étaient rangées sans ordre apparent. On trouvait dans un même carton des archives produites, à des époques diverses, par les différentes branches de la famille Payan. Néanmoins, ces archives familiales ont fait l'objet d'un classement partiel par Charles de Payan-Dumoulin, comme nous le précisons dans la partie consacrée à l'historique de la conservation. Il est possible que les derniers transferts de ce fonds familial après sa mort ait bouleversé quelque peu le classement qu'il avait mis en œuvre.

 

Les documents étaient, dans l'ensemble, en bon état, ce qui témoigne de l'attention qui a été prêtée à leur conservation. Les parchemins ont en revanche subi des dégradations mécaniques. L'encre est en partie effacée pour certains d'entre eux. Les parchemins, qui avaient été scellés, ont perdu leur sceau, à l'exception d'une bulle papale. Au cours du XIXe siècle vraisemblablement, des membres de la famille ont annoté certains documents. Les archives de la période révolutionnaire, datées en conformité avec le calendrier en vigueur (calendrier révolutionnaire), ont fait systématiquement l'objet d'une note comportant la conversion de la date selon le calendrier grégorien. Dans certains actes notariés ou conventions privées se rapportant de manière directe ou non à un membre de la famille Payan, les passages le concernant sont soulignés.

 

Traitement intellectuel

Contenu du fonds

 

Le fonds donné aux Archives départementales de la Drôme par Yves Lapierre contient les archives provenant de cinq branches de la famille Payan. Un petit nombre de documents isolés concerne la branche aînée des Payan de l'Hôtel (datant du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle), ainsi que celles des Payan-Champier et des Payan de Saint-Martin (couvrant les XVIIe et XVIIIe siècles). Les archives des Payan de L'Estang constituent un ensemble plus conséquent et datent pour l'essentiel des XVIIe et XVIIIe siècles. La production documentaire des Payan-Dumoulin est la plus riche et couvre la période la plus vaste (seconde moitié du XVIIe siècle à l'année 1960). Outre les archives de la famille Payan, on trouve également quelques fonds de familles alliées aux Payan-Dumoulin et aux Payan de L'Estang.

 

 

Ce fonds s'est constitué par strates successives. Dans des circonstances et à des dates qu'il n'est pas possible de définir avec certitude, des archives provenant des diverses branches ont été réunies, au cours des XVIIIe et XIXe siècles, par les membres de la famille des Payan-Dumoulin qui les ont adjointes à leurs propres archives. Ainsi, le fonds « Payan » donné par Yves Lapierre correspond, selon nous, aux archives qui ont été réunies progressivement et héritées par les membres de la troisième branche de la famille Payan, celle des Payan-Dumoulin, depuis son fondateur Benjamin-François (1682 à 1752). Charles de Payan-Dumoulin (1839-?), l'archiviste de la famille, a recueilli et classé au XIXe siècle ce fonds familial, dont la totalité ou au moins une partie lui avait été transmise par son père Ernest de Payan-Dumoulin. Cet historique est attesté par le fait qu'aucune archive postérieure au XVIIIe siècle, produite par les branches autres que celle des Payan-Dumoulin, n'est présente dans le fonds Payan bien que ces branches aient eu des descendants jusqu'au XIXe siècle au moins. La composition même des archives produites par les membres des différentes branches corrobore ce processus de constitution du fonds Payan. Les archives de la famille Payan-Dumoulin sont composées d'un fonds conséquent pour chaque membre masculin de cette branche qui s'imposa comme le chef et l'héritier d'une génération donnée. Elles sont la production d'une vie entière (état civil, documents de gestion, documents professionnels, correspondance, dossiers de succession). À l'inverse, les ensembles documentaires se rapportant à la branche aînée et aux branches des Payan-Champier et des Payan de Saint-Martin ne sont constitués que d'un conglomérat d'archives isolées. Rarement plus de trois documents ont été produits par un même individu d'une de ces branches. La présence dans le fonds de quelques archives des Payan-Champier et de Saint-Martin semble résulter, au moins en partie, de démarches et d'initiatives des Payan-Dumoulin, et notamment d'Ernest, pour rassembler les documents familiaux permettant d'attester des origines nobiliaires de la famille Payan.

Quant aux archives de la branche des Payan de L'Estang, si elles constituent des ensembles documentaires cohérents et importants se rapportant à des membres de cette lignée, elles ne sont pas aussi riches que celles des Payan-Dumoulin. Il s'agit avant tout de titres de famille et de dossiers de contentieux. Les pièces plus personnelles telles que la correspondance familiale demeurent rares. Néanmoins, de Charles I, fils du fondateur de la branche des Payan de L'Estang, à Henriette de Payan de L'Estang, pour au moins un membre de chaque génération on dispose d'un fonds d'archives. Cet état archivistique s'explique par le transfert de certaines archives de cette branche au profit des Payan-Dumoulin à la faveur des successions et des héritages. La présence des archives des premiers Payan de L'Estang (Charles I, Charles II et Gédéon Payan) s'explique par le fait que Benjamin-François Payan-Dumoulin est l'héritier de Gédéon Payan, son père. Les archives du reste de la branche sont également entrées par le biais successoral. Ainsi, parmi les neuf frères et sœurs de Benjamin-François, tous membres de la branche des Payan de L'Estang, le fonds Payan donné par M. Lapierre contient uniquement les archives de Louis-Samson de Payan, qui n'a pas eu de postérité, ainsi que d'Hector de Payan de L'Estang et de sa descendance (22). Or, François de Payan-Dumoulin est l'héritier universel de Louis-Samson, qui est le frère aîné de son père Benjamin-François, d'où vraisemblablement la présence dans le fonds Payan, d'un ensemble important émanant de Louis-Samson et renseignant notamment sa brillante carrière militaire.

Enfin, outre la structure même du fonds à son arrivée aux Archives départementales, le traitement, qu'ont opéré au cours du XIXe siècle Ernest et son fils Charles de Payan-Dumoulin, témoigne de l'intégration successive aux archives des Payan-Dumoulin de fonds issus des autres branches.

 

Ernest de Payan-Dumoulin : les archives familiales comme instrument de gestion et de revendication nobiliaire

 

Une source permet de connaître en partie les archives qu'Ernest a possédées et le type d'intervention qu'il a pu mener sur le fonds familial. Il s'agit du catalogue qu'il a dressé vers 1885 des « ouvrages » qu'il possède à Grignan, dans la maison de sa femme Pauline Faure (23). Il y recense non seulement les livres de sa bibliothèque mais aussi les reliures et registres qui contiennent les archives familiales. Ces registres et reliures ont été conservés par Charles de Payan-Dumoulin, son fils, et étaient initialement présents dans le fonds Payan avant que nous ne le classions. Ils révèlent le travail de regroupement des archives familiales opéré par Ernest ou par ses ascendants. Les « titres de familles » ont été réunis et classés chronologiquement comme en atteste la présence dans le fonds Payan de sept reliures portant sur le dos l'inscription Titres de famille et les dates extrêmes (24). L'examen du contenu de ces reliures n'a pas permis de tirer des conclusions plus approfondies puisque l'ordre interne en a été modifié après son décès, au cours des changements successifs de propriété du fonds (25). Ce même catalogue recense des « autographes de personnes célèbres de magistrats, ministres, sénateurs, députés, écrivains, poètes, 7 volumes non reliés dans des cartons ». Ces archives ne sont pas parvenues réunies de la sorte jusqu'à nous, néanmoins nous avons retrouvé dans le fonds des pièces correspondant à cette description et qui ont probablement été reclassées par Charles de Payan : la correspondance d'Ernest et celle de son père Joseph-François qui a reçu sous la Révolution et l'Empire, du fait de ses activités professionnelles et politiques, des lettres d'administrateurs et d'hommes politiques importants.

 

L'absence d'un inventaire détaillé et les modifications apportées à l'ordre interne des registres ne permettent pas de savoir si Ernest a eu entre les mains et traité la totalité des archives familiales présentes dans le fonds actuel. Avant de traiter le fonds Payan, nous avons constaté que nombre de documents des XVIIe et XVIIIe siècles n'étaient pas classés dans ces reliures intitulées Titres de famille et que le volume de ces documents était supérieur à leur capacité. Son fils Charles a pu néanmoins procéder à des changements de conditionnement. De fait, on ignore si Charles a hérité de l'ensemble des archives anciennes possédées par son père ou s'il a cherché à agrandir le fonds légué par celui-ci. La correspondance de Charles de Payan nous invite à penser qu'il n'a pas agi dans cette perspective. S'il a bien cherché à compléter le fonds familial, ses démarches l'ont conduit à obtenir ponctuellement des copies d'actes auprès de notaires voire d'archivistes et non des originaux auprès des membres de sa famille (26).

 

Ernest s'est avant tout intéressé aux archives laissées par ses ascendants les Payan-Dumoulin, comme le révèlent les nombreuses apostilles de sa main sur sa correspondance ou sur celle de son père, et plus particulièrement à sa propre production. Non seulement il a annoté une grande partie de ses archives a posteriori pour fournir des renseignements généalogiques ou biographiques, mais il a aussi voulu constituer et organiser une collection destinée à perpétuer sa mémoire, notamment celle de son activité professionnelle et intellectuelle. Son catalogue enregistre ainsi l'ensemble des archives qu'il a produites et classées. Au sein de trois volumes intitulés Mélanges, il a réuni des documents résultant de ses diverses activités professionnelles, politiques et scientifiques (27). Ces volumes renferment ainsi des mémoires, qu'il a rédigés ou à la rédaction desquels il a participé alors qu'il était avocat auprès du tribunal civil de Valence, des brochures et écrits divers rédigés dans le cadre de son implication dans la politique locale (28). On y trouve enfin ses publications scientifiques. Les documents institutionnels liés à son affiliation à plusieurs académies et sociétés savantes constituent un ensemble distinct de ces Mélanges (29).

 

Ernest n'a pas mené un travail archivistique, il a traité le fonds familial comme un fonds documentaire mis au rang des ouvrages érudits de sa bibliothèque. Sa conception et sa gestion du fonds familial restent proches de celles de la noblesse de l'Ancien Régime. L'intérêt historique existe chez lui mais il est secondaire. Certes, quelques notes de sa main révèlent l'attention particulière qu'il a porté à certaines archives émanant de sa famille et même à celles des autres branches dont il a pu procéder à la réunion. Par exemple, dans le dossier qui contenait les archives de Louis-Samson Payan, membre de la branche des Payan de L'Estang, on trouve une note d'Ernest. Elle consiste enune analyse succincte et délivre des indications biographiques (30). Néanmoins, il n'a pas cherché à faire l'histoire de sa famille, ses travaux scientifiques et érudits ne portent pas sur les Payan. Il considère les archives familiales comme un fonds doté d'un intérêt juridique, permettant de faire valoir ses droits, son rang et ses privilèges et de gérer son patrimoine. Il s'est constitué une sorte de cartulaire : il a transcrit dans un registre, dans l'ordre chronologique, les actes notariés passés de son vivant relatifs à ses propriétés (31). Son intérêt pour la généalogie familiale s'inscrit également dans cette perspective (32). A deux reprises au moins, il utilise les archives familiales pour faire reconnaître sa qualité de noble et son rang (33). L'approche de son fils Charles de Payan est différente, plus archivistique. C'est l'histoire familiale qui est au centre de sa démarche, et non les aspects juridiques.

 

Charles de Payan-Dumoulin, « l'archiviste » de la famille

 

Charles de Payan-Dumoulin a eu entre les mains et a traité la totalité du fonds familial qui nous est parvenu, à l'exception des documents produits de son vivant et après son décès par ses cousins, les descendants d'Esprit-François Payan des Lonnes (34). L'ensemble des archives familiales réunies par Charles de Payan-Dumoulin et actuellement présentes dans le fonds Payan a été dévolu aux Payan des Lonnes après son décès, à un moment indéterminé au cours de la première moitié du XXe siècle. Il semble ainsi que les Payan des Lonnes soit le dernier rameau survivant de la branche des Payan-Dumoulin et que la lignée issue de François Payan se soit éteinte à cette époque. Les archives détenues par Charles de Payan-Dumoulin ont ainsi été enrichies par la production documentaire des Payan des Lonnes couvrant les XIXe et XXe siècles. Celle-ci se distinguait physiquement du reste du fonds car elle n'avait pas été traitée par Charles.

 

Charles, qui a été capitaine de frégate, décide, à la retraite (en 1886), de traiter le fonds familial. La composition du fonds lors de son entrée aux Archives résulte de son travail de regroupement et de conditionnement des archives familiales. Les documents ont été classés le plus souvent à la pièce, parfois en dossier, dans des chemises papier de couleur rose ou verte comportant un à en-tête à son nom. Il a conservé en dossier les documents qui lui étaient parvenus ainsi ou a procédé à leur constitution (c'est le cas en partie pour la correspondance familiale et les pièces résultant de contentieux) (35). Toutefois, il a analysé et classé de manière isolée près des trois quarts des archives familiales : un grand nombre de chemises ne comportaient qu'une archive ou un petit nombre de documents (moins d'une dizaine). Sur chaque chemise, il a reporté une analyse décrivant son contenu et des notes généalogiques ou biographiques. Lorsqu'il a constitué des dossiers volumineux, il s'est contenté de les réunir dans une grande chemise cartonnée portant un intitulé synthétique que nous n'avons pas conservée. Charles de Payan-Dumoulin n'a pas eu le temps ou n'a pas souhaité poursuivre son travail minutieux d'analyse des archives familiales par le rapprochement en dossier, selon une logique de producteur, des nombreux documents éparpillés en chemises, ni par la constitution de fonds réunissant les documents produits par un même ascendant. Des pièces qui constituaient intellectuellement un même article étaient ainsi restées dispersées dans plusieurs chemises. Cet état archivistique ainsi que l'absence d'inventaire et de numérotation des chemises et des dossiers montrent qu'il n'a pas procédé à un classement général (36). Il semble avoir oscillé entre un classement chronologique et un classement par dossier relatif à un producteur ou à une affaire. Les chemises au sein des cartons, de même que les documents au sein de chaque chemise, étaient classés le plus souvent dans un ordre chronologique.

Le travail du capitaine de frégate n'a pas pu être appréhendé plus précisément : l'ordre des différents dossiers et des chemises dans les cartons a, semble-t-il, été altéré lors des transferts du fonds familial, qui ont eu lieu après sa mort, au gré des successions (37). Néanmoins, en confrontant les analyses inscrites sur les chemises par Charles de Payan-Dumoulin et le contenu de celles-ci, nous avons pu constater que le contenu et l'ordre interne des chemises et des dossiers du fonds donné par Yves Lapierre avaient été conservés tels que Charles l'avait établi. De rares lacunes ont été constatées (cinq chemises étaient vides). Les pertes et distractions sont difficiles à évaluer en l'absence d'inventaire. De plus, les dossiers constitués par Charles de Payan n'était pas pourvu d'analyse précisant les typologies documentaires.

 

Parallèlement à son travail d'analyse, cet ancien capitaine de frégate a mené des recherches archivistiques et généalogiques pour enrichir et documenter le fonds familial, mû par un intérêt marqué pour l'histoire de son lignage. Son père avait également, dans une moindre mesure, procédé à des approfondissements de la généalogie familiale afin d'amender et de compléter la notice généalogique de la famille Payan, à l'occasion de la nouvelle édition de l'Armorial de M. d'Hozier publiée par Firmin Didot frères (38). Charles de Payan a fait des recherches dans les manuscrits de la BnF (39), dans des services d'archives départementales (Ardèche et Bouches-du-Rhône notamment). Il a demandé des copies de documents concernant les Payan à des notaires et directeurs d'Archives départementales comme en atteste sa correspondance. Ces démarches se traduisent par la présence, dans le fonds Payan, de copies d'actes anciens, de notes et d'arbres généalogiques de sa famille et des familles apparentées. Certaines sont compilées dans des registres (cahiers comptables) avec des cotes, des analyses ou des transcriptions d'actes relatifs aux Payan auxquels il a eu accès lors de ses recherches (40). Il a également transcrit les documents difficiles à lire (parchemins des XVe et XVIe siècles en français ou en latin, actes notariés et judiciaires).

(22) On trouve uniquement quelques pièces produites par les autres membres de la famille des Payan de L'Estang.

(23) Ce catalogue se trouve dans le registre coté 356 J 170 (AD Drôme).

(24) AD Drôme, 356 J 170, au n° 47 du catalogue est inscrite la mention suivante : « titres de famille, sept volume in folio et in quarto », enregistrés sous le nom d'Ernest. Ces reliures renferment des archives familiales remontant pour la plus ancienne d'entre elles à l'année 1415 comme l'attestent les dates extrêmes.

(25) La réunion chronologique des documents familiaux mise en œuvre par Ernest n'était plus que partiellement opérante : les archives présentes dans les reliures ne recoupaient pas les dates extrêmes indiquées sur le dos des reliures.

(26) Ces efforts dans cette voie sont clairement identifiables (voir la sous-série « Recherches généalogiques et archivistiques pour documenter et compléter le fonds familial », AD Drôme, 356 J 235-239).

(27) AD Drôme, 356 J 201 à 203, registres de compilations de publications scientifiques, juridiques, judiciaires et politiques constituées par Ernest, intitulés Mélanges.

(28) Notamment des mémoires sur la rivalité entre les communes de Saint-Paul et de Pierrelatte au sujet du statut de chef-lieu de canton ou des lettres relatives à sa candidature à la députation de l'arrondissement de Romans.

(29) « Un carton contenant les diplômes, titres d'affiliation à plusieurs académies et sociétés savantes de M. Ernest de Payan-Dumoulin » est inventorié dans son catalogue (n°242). Ces documents sont effectivement conservés sous la cote 356 J 167. Ils étaient mêlés à d'autres archives.

(30) AD Drôme, 356 J 54, « Titres, correspondance et pièces diverses relatives à Samson de Payan, brigadier des armées du roi Louis XIV et Louis XV, chevalier de Saint-Louis, lieutenant-colonel du régiment de Quercy, gouverneur des fort et château de Salins. Samson Payan commandait 3 régiments à la bataille de Fontenoy, sous les ordres du maréchal de Saxe. J'ai l'ordre de bataille imprimé où il figure. Cet ordre de bataille fut distribué aux officiers généraux la veille de cette mémorable bataille ».

(31) AD, Drôme, 356 J 157.

(32) Il s'est intéressé à la généalogie de sa famille et à celle de sa femme Pauline Faure. Le fonds renferme un registre intitulé Généalogie familiale et diverses notices généalogiques.

(33) En 1858, il réunit plusieurs titres et documents pour appuyer sa requête en rectification de son acte de naissance et de celui de son père par ajout de la particule nobiliaire (AD Drôme, 356 J 155). En 1866, il réunit des titres pour établir l'extinction de la branche des Payan de l'Hôtel, barons de Lagarde, et la dévolution du titre de baron à son profit (AD Drôme, 356 J 154).

(34) Il est le frère de Joseph-François de Payan-Dumoulin. Voir l'arbre généalogique des Payan-Dumoulin en annexe.

(35) Par exemple, il a réuni toute la procédure entreprise par Joseph-François pour être réintégré dans la possession de ses biens saisis à la Révolution ou encore les pièces de contentieux concernant les créances et les dettes de Jean Niel constituées à l'occasion des dragonnades de Vinsobres.

(36) La répétition de certaines informations sur la généalogie et l'identité de certaines personnes dans les analyses d'une chemise à l'autre témoigne de cette absence de perspective globale.

(37) Des chemises et dossiers contenant des archives relatives à une même affaire et provenant d'un même Payan étaient dispersés dans plusieurs cartons. Par exemple, les archives relatives à la carrière militaire de Louis-Samson Payan étaient disséminées dans trois cartons différents.

(38) AD Drôme, 356 J 158.

(39) AD Drôme, 356 J 238.

(40) AD Drôme, 356 J 237.

 

Modalités d'entrées

La sous-série 356 J correspond au fonds donné par M. Yves Lapierre aux Archives départementales de la Drôme le 18 août 2013. Ce fonds est constitué des archives produites par une famille noble originaire du Comtat-Venaissin : la famille Payan. Monsieur Lapierre l'a reçu de sa marraine par suite du décès de René de Payan, son mari. Celui-ci est le dernier membre connu de la troisième branche de cette famille qui porte le nom de Payan-Dumoulin.

Un volume supplémentaire d'écrits de Joseph-François de Payan-Dumoulin, entré aux Archives départementales en 2016, a été intégré au fonds sous la cote 356 J 293.

Présentation du contenu

Classement

Le fonds comprenait majoritairement des documents personnels produits par divers membres des cinq premières branches de la famille Payan. L'étude à la pièce du fonds a permis de reconstituer un grand nombre de petits fonds qui correspondaient à la production de différents individus de la famille Payan. On retrouve ainsi le même type de pièces ou de dossiers d'une branche à l'autre : des « papiers de famille » (titres d'état civil, contrat de mariage, correspondance familiale), des documents liés à la gestion et l'acquisition de biens immobiliers et mobiliers (achat, vente, affermage, reconnaissance, investiture), des documents financiers (transaction, quittance, obligation&), des pièces de procédure (produites notamment dans le cadre des litiges successoraux) et enfin des documents résultant des activités professionnelles ou annexes. Les typologies documentaires sont plus variées en ce qui concerne la branche des Payan-Dumoulin (livres (41), albums de photographie, documents résultants de recherches généalogiques). Les archives produites par les différentes branches représentent des masses documentaires de volume très inégal. L'historique de la conservation a révélé que les archives de la branche aînée, des branches des Payan-Champier et Payan Saint-Martin n'étaient en fait que des isolats que la branche des Payan-Dumoulin a obtenus au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Elles ne constituent qu'un échantillon des fonds produits par ces branches, dont le sort nous reste inconnu. Néanmoins, il a paru plus cohérent de concevoir un cadre de classement à partir de la généalogie familiale d'autant plus que les circonstances précises de l'intégration de ces pièces aux archives des Payan-Dumoulin restent indéfinies. Par ailleurs, un autre ensemble contenant des documents provenant d'autres familles s'est dégagé. Une partie correspond aux papiers de familles apparentées et constituent des petits fonds à part entière. À l'inverse, une autre partie consiste en pièces isolées qui ne se concernent directement ni les Payan ni leurs alliés.

 

Six fonds ont ainsi été distingués. Les cinq premiers correspondent aux archives des cinq branches de la famille Payan représentées dans le fonds. Ils ont été classés dans l'ordre hiérarchique des branches entériné par les armoriaux, à savoir de la branche aînée à la cinquième branche : respectivement celles des Payan de l'Hôtel, des Payan de L'Estang, des Payan-Dumoulin, des Payan-Champier et des Payan de Saint-Martin. Le sixième fonds comprend les archives des familles apparentées. Pour la production des diverses branches de la famille Payan, une subdivision simple a été adoptée : les sous-fonds correspondent aux archives des membres de la branche. Ils sont ordonnés selon un ordre chronologique : génération par génération et, au sein d'une génération, de l'aîné au cadet. L'adoption de cette structure simple a conduit à faire un certain nombre de choix en termes d'attribution de documents et de regroupement d'archives qu'il convient de signaler.

(41) Les frères et sœurs de Charles avaient obtenu d'Ernest et de Pauline de Payan, leurs parents, des objets mobiliers pour valeur de 10 000 francs chacun dans leur contrat de mariage. Charles de Payan, désirant s'établir a obtenu une donation en 1878 d'une valeur mobilière de 10 000 francs, en avancement d'hoirie (AD Drôme 356 J 153). Cette donation consiste en meubles, tableaux et livres apportés pour moitié par chacun de ses parents, soit près de 800 volumes. Elle explique la présence dans le fonds Payan d'une partie des ouvrages ayant appartenu à son père. Ses frères et sœurs avaient également reçu, par contrat de mariage, des livres de leur père.

 

Attribuer les documents

L'une des grandes difficultés de ce classement a été d'attribuer les archives dispersées en de multiples chemises et dissociées de leur fonds d'origine. Du fait de la méconnaissance du contexte initial de production documentaire (avant le traitement effectué par Charles de Payan-Dumoulin), la constitution de dossiers n'a été possible que par une lecture et une analyse des actes qui a permis souvent d'appréhender les circonstances de la genèse d'un fonds et de réunir les pièces relatives à une même affaire. Si une telle démarche a fait ses preuves pour les archives résultant de procès ou d'affaires financières et immobilières, elle s'est révélée insuffisante dans bien des cas. Ainsi, à plusieurs reprises la question du respect des fonds s'est posée et a nécessité de faire des choix qu'il faut porter à la connaissance du lecteur.

 

Les documents issus des Payan de l'Hôtel, des Payan-Champier ou des Payan de Saint-Martin ont été éclatés en autant de chemises par Charles de Payan-Dumoulin. La plupart porte sur un point précis qui ne permet pas d'effectuer un regroupement par objet. Les archives des Payan-Dumoulin n'apportent, quant à elles, aucune contextualisation précise sur l'entrée de ces documents dans le fonds et aucun indice n'a révélé leur éventuelle utilisation ultérieure par l'un des membres de cette branche pour défendre ses droits. C'est pourquoi, il a été décidé de les rattacher au Payan qui les avait produites et dans le fonds de la branche à laquelle il appartient. De fait, la composition des fonds des Payan de l'Hôtel, Payan-Champier et Payan de Saint-Martin est beaucoup plus hétérogène que celle des fonds des autres branches : on y trouve une succession d'actes dont le seul point commun est l'appartenance de leur producteur à une même branche généalogique.

 

Les archives des Payan de L'Estang et des Payan-Dumoulin ont posé un problème similaire pour les documents isolés dont le contexte de production est resté inconnu. Plusieurs copies d'actes d'état civil et d'actes notariés faites parfois plusieurs dizaines d'années après les originaux ont imposé des choix de classement particuliers. La date de la copie a parfois permis de découvrir le membre de la lignée qui en était à l'origine et le contexte (procès, demande en confirmation de noblesse&). La copie a alors été réunie au dossier de procédure dans lequel elle était originellement. En revanche, pour un grand nombre d'actes civils ou de contrats, la connaissance de la date de la copie n'a pas constitué un indice suffisant pour connaître le producteur de la copie ou de l'extrait, ni le contexte. Dans ce cas, nous avons réuni les copies au fonds de l'individu Payan concerné en indiquant qu'il s'agissait d'une copie.

 

Lorsqu'un Payan n'a pas eu de descendance et que le fonds ne comporte qu'un petit nombre de documents le concernant, ses archives ont été réunies au sein du fonds de son père voire de son frère, dans une série intitulée « Papiers et titres de famille » ou « Papiers de famille » (42).

 

Les fonds Payan de L'Estang et Payan-Dumoulin comportent une abondante correspondance familiale que Charles de Payan-Dumoulin a en partie dispersée et classée par auteur, méthode qui s'oppose au principe du respect de la provenance. Nous avons classé cette correspondance dans le fonds du Payan qui en était le destinataire. Cependant, nous avons retenu son choix lorsqu'il s'agissait de bribes de correspondance émanant des membres d'une même famille alliée des Payan et adressée à François de Payan et à ses descendants. Il s'agissait d'éviter ainsi un émiettement et une perte d'informations. Ainsi, au sein du fonds Payan-Dumoulin, un sous-fonds intitulé « Correspondance de familles apparentées aux Payan, à destination de François de Payan, Joseph-François, Ernest et Charles de Payan-Dumoulin » comprend les lettres envoyées par des familles apparentées à ces trois ou quatre hommes successivement.

 

Certains ensembles documentaires concernent plusieurs générations voire plusieurs membres d'une même génération : les dossiers de contentieux, de succession ou de gestion immobilière. Lorsque les archives d'un membre de la famille Payan ont été utilisées par l'un de ses parents et/ou descendants qui les a réunies à ses propres archives pour faire valoir ses droits, nous avons regroupé l'ensemble des archives relatives à la même affaire au fonds de l'individu qui y a eu recours le dernier (43).

 

Une fois ces choix archivistiques pris, il demeurait néanmoins des documents isolés, allant du XVe siècle au XIXe siècle, qui ne se rapportaient pas directement aux Payan ni à leurs alliés. De même, l'attribution des brochures et d'une affiche du XIXe siècle ainsi que celle de quelques livres demeurait incertaine. Le fonds cédé par Yves Lapierre aux Archives départementales de la Drôme constituant, selon nous, les archives de la famille Payan détenues par la branche des Payan-Dumoulin, nous avons classé cet ensemble hétérogène dans un sous-fonds intitulé « Documents isolés, livres et brochures détenus par les membres de la branche des Payan-Dumoulin », au sein du fonds Payan-Dumoulin. Les livres des XIXe et XXe siècles ont pu appartenir aux divers membres de cette branche ayant vécu à cette époque : Ernest, Charles et les descendants d'Esprit-François des Lonnes. Nous avons toutefois réuni au fonds d'Ernest de Payan-Dumoulin certains de ces livres à l'attribution incertaine, considérant qu'ils avaient fait partie de sa bibliothèque bien qu'ils ne figurent pas dans le catalogue laissé par Ernest (qui est incomplet par ailleurs) (44). Deux indices pertinents nous ont amenée à les lui attribuer : le sujet des livres et leur date d'édition. Il s'agit des ouvrages juridiques de Boitard, Domenget et Mourlon, datant du XIXe siècle, c'est-à-dire édités à un moment où Ernest est le seul juriste de la famille, et des livres historiques de Lacretelle, de Mérimée, des marquis de Saint-Simon et de Pisançon, le catalogue d'Ernest ayant révélé qu'il possédait un grand nombre d'ouvrages d'histoire générale ou locale.

 

Pour les actes antérieurs à l'ordonnance additionnelle de Paris de 1564, qui abolit le style de Pâques et impose le premier janvier comme date de début de l'année dans les actes officiels, nous avons conservé l'ancien style pour leur datation. En effet, trois styles différents étaient utilisés en Dauphiné : le style de Pâques, le style de l'Annonciation (l'année débute le 25 mars) et celui de Noël (l'année débute le 25 décembre) (45). Pour les actes notariés, il n'est pas possible de connaître le style utilisé par le notaire sans posséder un registre couvrant une année entière.

(42) Par exemple, la profession religieuse d'Hector-Louis Payan, fils d'Hector Payan et de Lucrèce Richard, religieux de l'ordre de Saint-Dominique au couvent d'Avignon, est classée dans le fonds Hector de Payan de L'Estang.

(43) Par exemple, à l'occasion de l'achat de la grange de La Valette et de son tènement à sa tante Françoise de Payan de Laramon, membre de la branche des Payan de L'Estang, Benjamin-François Payan a récupéré les titres de propriété de sa tante. Ils ont été classés dans le fonds de celui-ci.

(44) Plusieurs pages du catalogue ont été déchirées et ce catalogue ne recensent pas l'ensemble des livres d'Ernest mais uniquement ceux qu'il conservait dans sa maison de Grignan.

(45) Giry (Arthur), Manuel de diplomatique, Paris, 1894. Bautier (Robert-Henri), Sornay(Janine), Les sources de l'histoire économique et sociale du Moyen-Âge, t. I, Provence, Comtat Venaissin, Dauphiné, États de la maison de Savoie, vol. 2, Paris, Éd. du CNRS, 1968.

 

Intervenir sur le fonds

Afin de conserver les traces de l'intervention de Charles de Payan-Dumoulin sur le fonds familial et laisser la possibilité aux chercheurs de connaître la manière dont le descendant d'une lignée noble a pu appréhender au XIXe siècle la production documentaire familiale, nous avons fait les choix suivants.

Au sein des dossiers que nous avons constitués, les archives ont été conservées dans les chemises où le capitaine de frégate les avait conditionnées. Celles-ci sont pourvues d'analyses des documents, de notes biographiques qui apportent un complément d'informations aux chercheurs et renseignent sa méthodologie et ses démarches. Du papier neutre a été intercalé entre les archives et ces chemises comportant un taux d'acidité néfaste pour la conservation. Certaines analyses inscrites sur les chemises de Charles de Payan-Dumoulin ne coïncidaient plus entièrement avec leur contenu, une fois notre classement effectué (des archives en ont en effet été distraites pour être réunies à d'autres dossiers) et n'apportaient pas de renseignements complémentaires à nos analyses. Une dizaine de chemises qui avaient ainsi été vidées de leur contenu ont été retirées du fonds. Hormis cette destruction, nous n'avons ôté aucun document du fonds. Les transcriptions de Charles de Payan-Dumoulin qui accompagnaient certaines archives ont été conservées et classées avec le document transcrit.

Par ailleurs, le capitaine de frégate a réalisé ou fait réaliser, dans les années 1890, des copies d'actes des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles concernant les Payan pour compléter le fonds familial. Il a également conservé des reproductions photographiques de 1895 de plusieurs actes notariés instrumentés pour les Payan de l'Hôtel. Ces copies ont été classées dans le fonds de son ascendant qui était à l'origine de la production de l'original de l'acte. La correspondance produite par Charles de Payan-Dumoulin dans le cadre de ces démarches a été classée avec l'acte copié afin de conserver la trace du contexte de la production de ces copies. Toutes les copies et transcriptions qui sont datées de la fin du XIXe siècle dans le répertoire sont dues au capitaine de frégate, nous n'avons donc pas jugé utile de préciser dans les analyses qu'elles ont été réalisées par ou pour le compte de Charles de Payan-Dumoulin.

L'ensemble des notices et arbres généalogiques faits ou collationnés par celui-ci, qui était pour partie réuni en dossier, pour partie disséminé dans les chemises, a été réuni et classé dans le sous-fonds Charles de Payan-Dumoulin dans la série intitulée « Recherches généalogiques et archivistiques pour documenter et compléter le fonds familial », ces documents résultant de son activité. Les archives concernant une famille apparentée pouvant se trouver dans plusieurs fonds, la réunion des données généalogiques les concernant permet de faciliter leur consultation.

 

Intérêt historique

La diversité des parcours qui caractérisent les différentes branches de la famille Payan et l'implication de ses membres dans l'administration, la politique, l'armée ou le monde des lettres confèrent une richesse historique indéniable à ce fonds. Il offre la possibilité d'appréhender l'histoire d'une famille noble et de ses membres de la fin du Moyen-Âge au XXe siècle. A travers les archives de ces hommes, c'est aussi l'histoire locale qui est mise en lumière. La production documentaire dense des Payan de L'Estang et des Payan-Dumoulin permet d'apprécier le déroulement et les impacts d'évènements historiques majeurs (politique anti-protestante de Louis XIV, campagnes militaires ou encore répressions lors de la Révolution).

 

Ascension sociale d'une famille à l'Époque Moderne

 

Comme nos développements précédents ont permis de le souligner, ce fonds est une source riche pour connaître l'histoire d'une famille originaire du Comtat-Venaissin qui a joué un rôle important sur le plan local, dans le Dauphiné essentiellement, et à un niveau plus vaste à certaines époques. Ainsi, les sources documentent les voies protéiformes qui permettent aux cinq premières branches de la famille Payan d'accéder à la noblesse au cours des XVIIe et XVIIIe siècles.

La densité des sources émanant des branches des Payan de L'Estang (pour les XVIIe et XVIIIe siècles) et des Payan-Dumoulin (pour une période allant du XVIIe siècle au milieu du XXe siècle) offre matière à une étude approfondie de l'acquisition progressive d'offices de robe et d'épée de plus en plus importants et de la place croissante prise par les Payan au sein des institutions établies à Saint-Paul-Trois-Châteaux. Tout comme les carrières professionnelles, la gestion du patrimoine immobilier est bien documentée par des actes notariés qui renseignent sur les acquisitions faites à chaque génération. Hector Payan et François de Payan ont laissé des livres de raison témoignant de leur gestion à un moment donné. On peut appréhender l'augmentation, à l'Époque Moderne, des possessions foncières, tout particulièrement celles des Payan-Dumoulin. Cette évolution traduit l'insertion sociale et politique de plus en plus forte de cette famille dans le mandement de Saint-Paul-Trois-Châteaux et son identification à un territoire donné. De nombreux actes relatifs à des constitutions de rentes, à la liquidation de dettes et de créances offrent un autre angle d'approche, ils permettent de mieux connaître leur place dans les réseaux locaux d'argent et d'allégeance. Des marchands, des manieurs d'argent comme des receveurs des fermes, des ménagers et des nobles leur empruntent de l'argent. Les nombreux conflits de succession apportent des renseignements sur les ramifications de cette famille, son réseau relationnel et plus particulièrement sur les femmes de ce lignage qui ont laissé peu d'archives. Enfin, l'abondante correspondance reçue ou écrite par les Payan-Dumoulin permet de connaître plus particulièrement les relations intra-familiales, les rapports avec les familles alliées et la noblesse locale.

 

Les répressions anti-protestantes à Saint-Paul-Trois-Châteaux et à Vinsobres

 

Le fonds apporte des éléments intéressants sur l'histoire du protestantisme en Dauphiné : les Payan de L'Estang, de confession protestante, n'ont pas échappé aux mesures anti-protestantes qui frappent la ville de Saint-Paul-Trois-Châteaux des années 1660 à la révocation de l'édit de Nantes.

Gédéon Payan doit faire face au zèle des consuls et conseillers de cette ville et d'Antoine Melchion, chanoine de l'église cathédrale et syndic général du clergé de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Il engage une procédure contre les consuls qui ne respectent pas l'exemption du logement des gens de guerre qui lui a été accordée. Il subit également les conséquences des litiges qui opposent de manière récurrente les deux communautés religieuses de la ville. Le refus des protestants de céder leur cloche à l'Église catholique de Saint-Paul-Trois-Châteaux est à l'origine d'un long procès qui se poursuit après sa mort jusque dans les années 1720. Les membres de la R.P.R. sont condamnés au paiement d'une amende au profit de l'évêque et de l'hôpital des pauvres de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Ils doivent également verser une somme d'argent au bénéfice de l'hôpital général de Grenoble, en qualité de donataire du consistoire de Saint-Paul supprimé. Les archives contentieuses relatives à ces affaires mettent à jour l'endettement de la communauté protestante et les dissensions qui résultent de ces exigences financières. La veuve de Gédéon Payan, Louise de Sibert, ouvre un double procès devant le parlement du Dauphiné, l'un contre le syndic de l'hôpital général de Grenoble, l'autre contre les habitants protestants de Saint-Paul-Trois-Châteaux, débiteurs de son mari. Son fils, Benjamin-François, poursuit l'affaire. De confession catholique, il est pourtant impliqué dans un autre procès lié aux dettes de la communauté protestante de Vinsobres. Il engage une action judiciaire en 1684 auprès de l'intendant du Dauphiné pour obtenir le paiement de la créance de Jean Niel, son défunt beau-père, sur les habitants nouveaux convertis de Vinsobres. Les dossiers de procédure comprennent des pièces antérieures qu'il a réunies et qui permettent de suivre précisément les vicissitudes et l'endettement de cette communauté protestante consécutif à la politique des dragonnades. En 1683 et 1684, les protestants de Vinsobres doivent pourvoir aux frais de logement et de subsistance de deux compagnies de dragons du régiment de Barbezières et de deux autres compagnies du régiment de Firmacon. Pour faire face à ces dépenses, Jean Niel et ses coreligionnaires doivent contracter des obligations en faveur de plusieurs habitants de Vinsobres et de Valréas.

 

La correspondance d'Henriette de Payan de L'Estang

 

Marie-Anne-Henriette Payan de L'Estang est l'une des femmes d'esprit renommées dans le monde des lettres, à l'époque des Lumières. Cette épistolière de talent est la fille de Joseph de Payan, baron de L'Estang, qui décède en 1746, deux ans après sa naissance. Le fonds conserve un pan important de sa correspondance qui témoigne de ses qualités littéraires : les lettres qu'elle a adressées à François de Payan-Dumoulin, son cousin (46), et sa correspondance à Martin-Bruno-Joseph de Moreau de Vérone, son cousin également, président de la Chambre des comptes de Grenoble (47). Ces échanges épistolaires témoignent notamment des liens qu'elle entretint avec Voltaire.

 

Carrières militaires aux XVIIIe et XIXe siècles

 

De belles séries témoignent du rôle des membres de cette famille dans les grands conflits des XVIIIe et XIXe siècles. Il faut signaler la correspondance du mois de juillet 1745 au mois d'octobre 1746 que Jean-Baptiste-François Desmarets, marquis de Maillebois, maréchal de France, et Yves-Marie Desmarets, comte de Maillebois, son fils, envoient à Louis-Samson Payan alors qu'il est chargé du commandement de la ville et du château d'Acqui, lors de la guerre de Succession d'Autriche. Elle contient de nombreuses informations relatives à la prise et à la défense de cette place. On trouve également des lettres de l'intendant du Dauphiné et de l'armée du roi en Italie, M. de La Porte.

Une sous-série contient des archives d'Honoré-Louis-Augustin Massol de Monteil, grand-père maternel de Pauline Faure. Elle concerne son activité lors de la seconde campagne d'Italie, sous le Directoire et le Consulat. Mis en cause par le ministère des Relations extérieures de la République pour ses décisions et les actions menées lorsqu'il est général de division commandant de la Ligurie et de Gênes, il produit plusieurs documents pour se défendre dont un long mémoire.

Enfin, Charles de Payan-Dumoulin a laissé des dossiers relatifs à sa formation et à sa carrière dans la Marine impériale et républicaine. Par décrets ministériels successifs, il s'élève peu à peu dans la hiérarchie militaire. Enseigne de vaisseau en 1862, il devient lieutenant de vaisseau en 1867 puis capitaine de frégate en 1883. Ses archives permettent de connaître son rôle dans la campagne de la guerre franco-allemande de 1870-1871. Capitaine du détachement de la Marine d'Orléans en 1870, il participe en 1871 à l'opération de résistance menée au niveau de la ligne de défense de Carentan dans la Manche, en qualité de membre de l'état-major.

Les Payan-Dumoulin et la Révolution

 

Claude-François et Joseph-François de Payan-Dumoulin ont occupé des postes d'envergure nationale sous la Révolution, secrétaire de Robespierre en 1793 puis membre du tribunal révolutionnaire pour le premier et commissaire de l'Instruction publique pour le second. Toutefois, le fonds ne renferme pas d'archives relatives à leur engagement politique de cette époque. Les archives de Claude-François sont uniquement constituées de quelques lettres et vers engagés, le reste étant des poèmes versifiés non politiques et de la correspondance sentimentale. Le fonds de Joseph-François, très riche par ailleurs, ne comprend que des documents épars relatifs à sa charge de procureur général syndic de la Drôme (1793) et de secrétaire de l'état-major général de l'armée de l'Intérieur (1796) (48). On trouve la correspondance qu'il a reçue de nombreux administrateurs et hommes politiques, mais elle est pour l'essentiel postérieure à l'année 1797.

Néanmoins, un dossier important résulte de ses démarches pour recouvrer la possession de ses biens séquestrés et vendus à la Révolution en exécution des lois d'émigration ainsi que des sommes à lui dues en dédommagement. Joseph-François a été mis hors la loi par décret du 11 thermidor an II tout comme son frère Claude-François, consécutivement aux évènements du 9 thermidor (26 juillet 1794). Claude-François est exécuté tandis que Joseph-François et son frère Esprit-François, qui a occupé un emploi subalterne à la commission d'Instruction publique alors que son frère en était le commissaire, ont émigré. À ce titre, les biens relevant de l'héritage de François Payan, leur père, ont été séquestrés et régis par l'agence nationale de l'enregistrement, les baux ont été affermés aux enchères après l'arrestation de François de Payan, en thermidor an II. Après l'amnistie, Joseph-François entame des démarches et obtient la réintégration dans la possession de ses biens par arrêtés du ministre de la Justice du 9 frimaire an IV et par arrêté du département de la Drôme du 23 prairial an IV. Jusqu'en 1799, il doit déposer des requêtes auprès de l'administration de la Drôme et du bureau du domaine national du département de la Seine pour obtenir l'application de ces arrêtés, la restitution de la totalité de ses biens séquestrés et l'indemnisation due pour ses effets vendus. Ce n'est qu'en 1830 que la procédure d'indemnisation s'achève en exécution de la loi du 27 avril 1825.

Ces dossiers de procédure, tout comme les archives de Joseph-François et de son père François de Payan relatives à leur carrière politique et administrative de la période révolutionnaire et postrévolutionnaire, témoignent de la capacité de cette famille noble à traverser les bouleversements politiques. Ils parviennent à trouver une place dans les nouvelles institutions locales issues de la Révolution : François de Payan devient président du directoire de la Drôme au début des années 1790. Sous le Directoire, le Consulat et l'Empire, Joseph-François a occupé successivement le poste de directeur des contributions de plusieurs départements.

 

Le devenir d'une famille noble aux XIXe et XXe siècles

 

Par son étendue chronologique, ce fonds permet de suivre l'évolution de cette famille noble après la Révolution. Au sein de la branche des Payan-Dumoulin, les descendants de François restent attachés à l'idéal nobiliaire et poursuivent leur carrière dans la magistrature et l'armée. Ernest sert le Second Empire comme magistrat, loin des idéaux révolutionnaires de ses ascendants. Son fils Charles s'engage dans la Marine impériale puis républicaine. Les archives des descendants d'Esprit-François de Lonnes, qui s'étendent à la première moitié du XXe siècle, montrent que les derniers membres de cette branche rejoignent peu à peu la bourgeoisie.

Au travers de ce fonds, c'est aussi la figure de l'érudit et du collectionneur noble du XIXe siècle qui peut être étudiée. Ernest de Payan, épris d'histoire, d'art et de sciences naturelles, et son fils Charles l'incarnent tous les deux à leur manière. Par leur intérêt pour les archives et l'histoire familiales et leur travail sur le fonds, ils offrent un exemple de l'expression et de l'évolution du comportement et de la conscience nobiliaires au XIXe siècle.

(46) Elles sont classées sous la cote 356 J 89.

(47) Cette correspondance (1771 à 1775) est classée sous la cote 356 J 58.

(48) Les archives de Joseph-François de Payan-Dumoulin présentes dans le fonds Payan constituent un ensemble conséquent. Elles concernent sa vie familiale (correspondance, titres de famille), sa carrière professionnelle de la fin de l'Ancien Régime et au début de la Révolution (elles comprennent notamment une correspondance d'hommes politiques et d'administrateurs allant de la période révolutionnaire à la Restauration) ainsi que ses affaires financières, immobilières et successorales.

 

Mode de classement

L'empreinte de Charles de Payan-Dumoulin sur le fonds était fort prégnante. Il a semblé intéressant de garder la trace du traitement effectué par celui-ci afin que ses méthodes et le regard qu'il a pu porter sur les archives et son histoire familiales puissent être connus. Toutefois, son travail ayant abouti au séquencement de la majeure partie des documents en de multiples chemises ordonnées sans logique de fonds, il a été nécessaire de repenser entièrement l'organisation intellectuelle et matérielle du fonds. Notre classement s'est appuyé sur le travail de Charles de Payan-Dumoulin, essentiellement sur ses analyses et les regroupements partiels d'archives. Nous avons ainsi conservé les dossiers qu'il avait constitués, car ils répondaient à l'exigence du respect des fonds. Nous les avons complétés au besoin ou subdivisés. Néanmoins, pour la majorité des archives nous avons dû procéder à la reconstitution de dossiers, puis de fonds.

Le recensement et l'analyse de l'ensemble des archives ont permis d'identifier les typologies, les thèmes récurrents et les producteurs des archives isolées, ainsi que d'évaluer la pertinence des dossiers existants. Parallèlement, des recherches généalogiques sur les Payan et leurs familles alliées ont été effectuées. Les informations contenues dans les sources telles que les documents d'état civil, les actes notariés (testament, contrat de mariage, inventaire après-décès&),les généalogies manuscrites d'Ernest et de Charles de Payan-Dumoulin, et dans les autres documents susceptibles de fournir des renseignements (actes de nomination, correspondance&),ont été collationnées au fur et à mesure. Ces éléments ont permis de compléter et d'amender la notice Payan publiée par Rivoire de La Bâtie et de dresser des arbres généalogiques des familles apparentées qui ne faisaient pas l'objet de notice approfondie dans les divers armoriaux consultés, qui figurent dans notre bibliographie. Un plan de classement global a ainsi pu être élaboré. A partir de nos propres analyses, des dossiers puis des articles ont été constitués par le rapprochement des documents séparés par le capitaine de frégate. De cette façon, le cadre de classement a été progressivement affiné et la description allégée (au niveau du dossier).

 

Conditions d'accès

Ce fonds est communicable.

Documents en relation

Fonds conservés aux Archives départementales de la Drôme

Série E : Féodalités, communes, bourgeoise, familles 

 

Titres de famille.

 

E 1421-1423  Fonds de la famille Philibert contenant une reconnaissance, un accensement et des pièces de procédures concernant les Payan (1663-1689)

 

Commune de Saint-Paul-Trois-Châteaux.

 

E 7634 Registre de mariage, baptême, sépulture comprenant l'acte de baptême du 8 août 1730, de Jean-Louis Payan, fils de François-Benjamin, bailli, et d'Élizabeth Niel, et l'acte de mariage du 9 janvier 1721 d'Hector Payan, fils de Gédéon, avec Catherine Genton (1720-1736).

 

Série 2 E : État civil

 

2 E 5778-5780 Minutes de Maître François Payan (branche des Payan de L'Estang), notaire royal à Saint-Paul-Trois-Châteaux (1557-1612).

 

2 E 5785-5814 Minutes de Maître Charles Payan (branche des Payan de L'Estang), notaire royal à Saint-Paul-Trois-Châteaux (1591-1658).

 

Série F : Versements des ministères

 

Sous-série F1 : Administration générale

 

F1 a, b et c Administration générale du département. Cet article comprend des discours de Claude-François Payan.

 

Sous-série F7 : Police générale

 

F7 4436 Lettres reçues par Charles-Joseph Payan et papiers de lui. Autres lettres relatives au département.

 

F7 4458 (2) Arrestations, détentions, mises en liberté, avec pièces remontant jusqu'en 1726. Une trentaine de dossiers (dont plusieurs sont collectifs). Parmi les incarcérés : François Payan et Charles-Joseph Payan, employé de l'administration des domaines dans la Drôme (1793-1795).

 

F7 5060 (1)-5060 (2) Fonds des émigrés radiés. Dossiers sur lesquels il a été statué favorablement ; pétitions, certificats, correspondance jusqu'à l'an X. Parmi les personnes concernées : Esprit-François Payan-Delonne, Claude-François Payan en F7 5060 (1) et Joseph-François Payan en F7 5060 (2) (s.d.)

 

Sous-série F17 : Instruction publique

 

F17 1012 Papiers de Joseph-François Payan, commissaire de l'Instruction Publique. Lettres reçues, notamment de la Drôme (28 floréal-5thermidor an II).

 

Série J : Archives d'origine privée

 

46 J 11 Fonds Simon Terasse. Procuration de Marthe d'Izoard, veuve de François Payan (1817) ; vente des biens Crémieux (1818-1820) ; procuration de Joseph Breton (1819) (1817-1820).

 

Série L : Administrations et tribunaux de la période révolutionnaire

 

Conseil départemental.

 

L 39  Minutes et notes par Payan sur l'administration du département et sur celle de la commune de Saint-Paul-Trois-Châteaux (3 cahiers) (18 novembre 1791-6 décembre 1792).

 

Comités de surveillance. 

 

L 1075 Papiers postérieurs à la réorganisation du comité, le 12 nivôse an III et à l'inventaire : lettres, interrogatoires, imprimés divers du comité, etc. Certains documents concernent Charles-Joseph de Payan, employé des domaines.

 

Mélanges.

 

L 1297  Journal L'Anti-fédéraliste ou le correspondant des sociétés populaires et des armées, rédigé par les citoyens Julien, Claude-François Payan et Fourcade, T. I, n°s2-60 ; T. II, n°s 3-35 (27 septembre 1793-30 nivôse an II).

 

L 1309 Papiers de Joseph-François Payan, imprimés et mémoires sur l'administration, trouvés au greffe du tribunal de Valence (1787-1793).

 

Série Q : Domaines. Enregistrement. Hypothèques

 

Contentieux des ventes.

 

Q 211 Demandes en restitution : dossier de la famille et hoirie Payan (an IV-1823).

 

Dossiers individuels comprenant le séquestre ou dénonciation, l'inventaire des biens, la vente, les créances, les inscriptions, les radiations, etc., des émigrés.

 

Q 311 Dossiers individuels : dossiers de Joseph-François Payan et Claude-François Payan.

 

Mobilier des émigrés.

 

Q 360-361 Documents sur le mobilier des émigrés : dossiers concernant Claude-François et Joseph-François Payan.

 

Liquidation de l'indemnité des émigrés et des prêtres déportés (1824-1827).

 

Q 386 Dossiers relatifs à la liquidation des indemnités : dossier de la famille et hoirie Payan.

 

Q 661 Dossiers de restitutions et indemnités, loi du 27 avril 1825. Dossiers de Claude-François et Joseph-François Payan.

Fonds conservés aux Archives départementales de l'Ain

Série B : Cours et juridictions

 

B 194 Registre des procédures ordinaires de l'Hôtel : état général des dettes de Joseph Payan aîné (1784).

Fonds conservés aux Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine

Série T : Papiers privés tombés dans le domaine public

 

Papiers séquestrés pendant la Révolution. Fonds des particuliers émigrés ou condamnés.

 

T//528 Papiers de Claude-François Payan, membre de la commune de Paris.

Acte d'adjudication de la fourniture de la viande pour l'hôpital général; quittances ; actes de donation provenant du citoyen Payan ; arrêtés du comité de Salut public ; états de meubles et d'effets ; lettres et correspondance intéressant Payan, soit comme administrateur du département de la Drôme, soit comme agent national de la Commune de Paris (1793).

 

Bibliographie

Artefeuil (Charles d'), Histoire héroïque et universelle de la noblesse en Provence,
 Marseille, Laffitte reprints, 1996, 3 vol.

Aubert de La Chesnay Des Bois (François-Alexandre), Dictionnaire généalogique, héraldique, chronologique et historique, Paris, Duchesne, 1757-1765, 7 vol.

Bautier (Robert-Henri), Sornay (Janine), Les sources de l'histoire économique et sociale du Moyen-Âge, t. I, Provence, Comtat Venaissin, Dauphiné, États de la maison de Savoie,vol. II, Archives ecclésiastiques, communales et notariales, archives des marchands et des particuliers, Paris, Éd. du CNRS, 1968, p. 694-1467.

Borricand (René), Nobiliaire de Provence : armorial général de la Provence, du Comtat Venaissin, de la Principauté d'Orange&, Aix-en-Provence, R. Borricand, 1974-1976, 3 tomes.

Brun-Durand (Justin), Dictionnaire biographique et biblio-iconographique de la Drôme, Grenoble, Librairie dauphinoise, 1901, 2 vol.

Entat (Romain), Le processus révolutionnaire à Saint-Paul-Trois-Châteaux : réception et mise en œuvre par une communauté d'habitants (1788-an III de la République), mémoire de master 1,histoire, Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse, 2011.

, Structuration et usage d'un réseau politique durant le dernier quart du XVIIIe siècle : Joseph-François de Payan, mémoire de master 2, histoire, Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse, 2012, 2236 p.

Gourdon de Genouillac (Henri), Piolenc (Albert de), Nobiliaire du département des Bouches-du-Rhône, Nîmes, C. Lacour, 2002 [fac-sim. de l'éd. de Paris de 1863].

Hozier (Louis Pierre d'), Hozier de Sérigny (Antoine-Marie d'), Armorial général, Paris, éd. du Palais Royal, 1970 [réimp. en fac-sim. de l'éd. de 1865-1908], 12 vol.

La Drôme sous la Révolution : Guide des archives des communes de la période révolutionnaire (1788-an VIII), dir. Michèle Nathan-Tilloy, Valence, Archives départementales de la Drôme, 1990, 451 p.

La Roque (Louis de), Annuaire historique et généalogique de la province de Languedoc, Paris, E. Dentu, 1861-1864, 2 vol.

, Armorial de la noblesse de Languedoc, Marseille, Lafitte, 1863, 335 p.

Margueritte (Pascal), « Les frères Payan : un destin révolutionnaire », dans Les Drômois, acteurs de la Révolution, actes du colloque organisé à Valence, les 12, 13 et 14 octobre 1789, Bourg-lès-Valence, impr. Jalin, 1990, p. 501-510.

Messie (Paul), « Les frères Payan », dans Bulletin de la Société départementale d'Archéologie et de statistique de la Drôme, t. LXXV, 1961-1963, p. 137-156.

Pithon-Curt (Jean Antoine), Histoire de la noblesse du Comté Venaissin, d'Avignon et de la principauté d'Orange, Paris, David jeune, 1743-1750, 4 vol.

Rivoire de La Batie (Gustave de), Armorial de Dauphiné, Marseille, impr. A. Robert, 1996 [réimpr. de l'éd. de Lyon de 1867], 819 p.

Rochas (Adolphe), Biographie du Dauphiné, Paris, Charavay, 1856, 2 vol.

Seyve (Michel), « Les frères Payan », dans Bulletin de la Société départementale d'Archéologie et de statistique de la Drôme, t. LXXXVIII, 1992, p. 88-106.

Viton de Saint-Allais (Nicolas), Nobiliaire universel de France, Paris, Bachelin-Deflorenne, 1872-1878, 21 vol.

Cote/Cotes extrêmes

356 J 60-274

Date

1415-1960

Cote/Cotes extrêmes

356 J 86-124

Date

1604-1796, [XIXe]

Cote/Cotes extrêmes

356 J 118-124

Date

1746-1794

Cote/Cotes extrêmes

356 J 119-122

Date

1746-1766

Papiers et titres réunis et pour partie annotés par François de Payan établissant les créances, les dettes et les biens compris dans l'héritage. - Titres de succession : codicille, testament, contrat de mariage, projet d'acte notarié établissant la valeur des biens de Charlotte de Bancenel, mémoire des dernières volontés (s.d., 1758-1759). Suivi des dettes et créances : quittances, état de dépense, notes, comptes, rapport d'estimation (s.d., 1751-1763). Biens mobiliers, estimation et inventaire : rapport d'estimation, état, compte (s.d.-1759). Obligation de 10 000 livres souscrite par François de Payan envers Louis-Samson Payan moyennant une rente annuelle et viagère de 800 livres dues tant à Louis-Samson Payan qu'à sa femme, Charlotte-Françoise de Bancenel : obligation, quittances, acte de dépôt de convention (1752-1758). Mémoires de François de Payan sur la succession (s.d.).

Cote/Cotes extrêmes

356 J 122

Date

1751-1763