À la première lecture des archives du fonds, on note la présence de la famille Jarret qui rend hommage au comte de Valentinois (XVIIe-XVIIIe siècle) puis de la famille Chabert qui reçoit des reconnaissances de cens. La famille Beaumont est alliée aux Chabert ; Charlotte de Beaumont épouse Jean de Fay (XVIe siècle) et possède des biens dans le mandement de Châteaudouble. C'est en 1575, lors des Guerres de Religion, que le château fort est détruit. La première pierre du château actuel est posée par le seigneur de Vercoiran, François des Massues, en 1591 au lieu-dit Panaret (un petit mémoire sur la fondation de la maison se trouve sous la cote 160 J 161). François des Massues vend ses biens et droits sur Châteaudouble à Pierre de La Baume, conseiller du roi, en 1614. Celui-ci, ainsi que son fils Pierre, continue une politique d'acquisitions de biens et de droits tout au long du XVIIe siècle (achats aux familles de Durand, de La Croix). Joseph de La Baume succède à son père Pierre comme seigneur de Châteaudouble et prête hommage à l'évêque de Valence en 1682. Sa veuve, Élisabeth de Blou-Laval, marquise de Châteaudouble, est convoquée pour lui prêter hommage à son tour en 1717. Catherine de La Baume épouse Claude de Valbonne ; son frère François meurt sans doute sans enfant puisque la seigneurie passe aux Valbonne qui la vendent à Louis Gilbert-Jansac en 1785. Celui-ci subit la Révolution sans trop de pertes, exception faite des droits seigneuriaux et féodaux, puis il vend le château et les terres aux Boutaud de Lavilléon au début du XIXe siècle. Hippolyte Boutaud de Lavilléon les vend à Xavier Merle du Bourg, ancêtre du propriétaire actuel, en 1854.

La distinction entre les deux n'est pas facile à faire dans les documents, car le fils comme le père sont conseillers du roi. Il apparaît seulement que Pierre de La Baume père était déjà mort en 1652.

En février 1995, à la requête de Monsieur Merle du Bourg, propriétaire du château (classé monument historique) de Châteaudouble, petite commune d'environ trois cents habitants au pied du Vercors, les Archives départementales de la Drôme sont venues prendre livraison des archives conservées dans de beaux meubles en bois dans l'ancienne chapelle du château, destinée à être restaurée dans les mois à venir. Elles ont été transportées, en vrac, dans dix cartons d'archivage de 60 x 40 x 30 cm, ce qui fait un métrage linéaire de 6 m environ. L'intention du propriétaire était de laisser les documents à la disposition des Archives pour en faire le classement et le microfilmage et de reprendre le fonds une fois ces deux opérations effectuées. Mais Monsieur Merle du Bourg a finalement décidé d'établir un contrat de dépôt en échange d'une version microfilmée. Le fonds est inscrit sous la cote 160 J.

Le fonds du château de Châteaudouble couvre une période allant de 1105 à 1900. Beaucoup de pièces concernent surtout l'époque moderne (XVIIe- XVIIIe siècles) et en second lieu la fin du XVIIe et le XIXe siècle. On y trouve aussi un certain nombre de parchemins, parfois encore avec des vestiges de sceaux. Les documents sont, au premier chef, relatifs aux possédants successifs des fiefs et domaines du mandement de Châteaudouble, c'est-à-dire des quatre paroisses de Châteaudouble, Le Chaffal, Combovin et Peyrus. Toutefois, certains documents sont exclusivement relatifs à la communauté de Châteaudouble. Grâce au suivi relatif des archives, on peut tenter d'établir une ''généalogie'' des seigneurs de Châteaudouble. Au Moyen Âge, la terre et seigneurie appartiennent aux comtes de Valentinois qui la tenaient probablement des Royans ; mais l'empereur Frédéric Ier Barberousse cède à l'évêque de Valence la seigneurie en 1157. De cette époque date la lutte entre les deux puissances laïque et religieuse pour la possession de Châteaudouble. Le fonds en conserve la trace puisqu'il y a des hommages rendus au comte (puis au roi) ainsi qu'à l'évêque. La seigneurie est réunie à la couronne de France avec les autres biens des Valentinois à la mort de Louis de Valentinois en 1419.

Le fonds du château de Châteaudouble est remarquable tant par son importance (290 articles) que par sa qualité : il couvre une vaste période chronologique et intéresse de nombreux types de recherche.

Le fonds du château de Châteaudouble n'autorise que difficilement de retracer l'histoire des familles qui l'ont possédé mais il permettrait d'envisager une histoire économique et sociale de la seigneurie au cours des siècles. Les problèmes de respect des droits dus au seigneur traversent les décennies et se retrouvent d'une famille à l'autre, les questions de monopole sur les eaux et droits d'arrosage font l'objet de nombreuses transactions. L'étude de l'accroissement d'un domaine seigneurial sur plusieurs siècles est envisageable grâce à la continuité relative des actes d'acquisitions, d'échanges, de quittances. Les relations avec la communauté d'habitants évoluent à travers les contestations de droits, de privilèges, de banalités. Un exemple flagrant est la querelle qui oppose Merle du Bourg aux habitants de Châteaudouble à propos des anciens biens domaniaux en 1877 (160 J 38). D'autres sujets sans doute peuvent être abordés grâce à ces documents. La voie est désormais ouverte à l'historien.

Ce qui explique l'impossibilité d'établir un arbre généalogique précis des possédants.

Le plan de classement de la sous-série 160 J s'inspire du cadre de classement préconisé par Charles Samaran et adapté à la particularité du fonds : papiers de familles en tête (160 J 1-38) suivis des documents concernant exclusivement la communauté de Châteaudouble (160 J 39-52). Ensuite viennent les documents seigneuriaux (châtellenie, justice, banalités, tailles et corvées, dîmes : 160 J 53-88) puis les documents féodaux (directe féodale, droits seigneuriaux, directe censuelle : 160 J 89-160). Les archives domaniales constituent la plus grosse partie du fonds (160 J 161-268). Les grandes divisions en sont les suivantes : inventaires et titres (160 J 161-164), estimes des biens et état des revenus (160 J 165-169), noblesse de Pierre de La Baume (160 J 170), gestion domaniale (160 J 171-173), parcellaires et plans (160 J 174), domaines (160 J 175-186), eaux et moulins (160J 187-218), vignes (160 J 219), bois (160 J 220), pâturages (160 J 221), chemin de Châteaudouble (160 J 222-226) et enfin transactions (160 J 227-268). Ensuite viennent les procédures qui ne rentrent pas dans un des thèmes contenus dans les chapitres précédents (160 J 269-280). En fin de classement, on trouve un ultime chapitre (160 J 281-290) rassemblant diverses affaires dont les affaires religieuses. À l'issue du classement, le métrage est de 6,5 ml.

Dont des papiers concernant la famille Merle du Bourg avant son installation à Châteaudouble.

Conformément au contrat de dépôt, la communication de ces documents est libre.

Châteaudouble et sa seigneurie n'ont pas fait l'objet d'une bibliographie importante. Outre des mentions dans le bulletin de la Société d'Archéologie et de Statistique de la Drôme ainsi que dans le dictionnaire topographique de J. Brun-Durand, on consultera essentiellement la notice historique consacrée à Châteaudouble par l'abbé Abel Vincent en 1849.